Quand un locavore crée son entreprise
Portait d'un créateur d'entreprise qui mise sur l'alliance de l'économie, du social et de l'environnement. "Aujourd'hui, on achète dans la grande distribution des crevettes d'Amérique du Sud ou des haricots verts du Kenya. La circulation des produits au niveau mondial suppose des dépenses d'énergie et de transports, avec un impact non négligeable sur l'environnement. Sans qu'il y ait toujours de raison. Chez Séson, nous ne proposeront pas de la viande de Nouvelle-Zélande, mais du gigot d'agneau de la baie de Somme", résume Antoine Ferchaud.
Sortir des circuits de la grande distribution : La société de traiteur / organisateur de réception qu'il met en place aujourd'hui à Nogent-sur-Oise s'appuie sur un credo résolument locavore. En s'écartant des circuits de la grande distribution, dessinés au cours des années 90, il s'agit selon lui de revenir à "un peu de bon sens" : "en rentrant en Picardie, je me suis souvenu que mes grands-parents vivaient en autonomie alimentaire. Garde-chasse, ils cultivaient des légumes dans leur jardin, allaient chercher du lait à la ferme..."
Nostalgie ? Idéalisme ? Antoine Ferchaud a des convictions, c'est indéniable. Mais ce spécialiste de la restauration a des expériences réussies à son actif et a bien pensé l'inscription de son entreprise dans le tissu économique local.Une entreprise d'insertion : La cuisine, Antoine Ferchaud l'a découverte après avoir travaillé dans le marketing opérationnel. Alors qu'il remplit des missions dans une cuisine de restaurant pour gagner sa vie, il réalise qu' "il y a quelque chose à faire dans ce secteur, du côté des services".En 1995, il fonde donc Dada 1920, une activité de traiteur / restauration, en région parisienne, qu'il cède en 2005.L'ex-entrepreneur n'abandonne pas un domaine qui lui tient à c?ur. Après avoir conçu des magasins spécialisés pour un grand groupe agro-alimentaire, il rejoint en tant que directeur des opérations La Table de Cana de Lyon. S'il quitte ce poste en 2009, il reste en lien avec ce réseau. Il ne s'agit pas en effet d'une franchise, mais d'une fédération d'entreprises d'insertion par le travail. Et Séson va embaucher des personnes en difficulté sociale, soit trois à quatre postes insertion en 2010-2011, avec un objectif de dix à terme.C'est donc à différents niveaux que la société s'implique dans le développement local : en créant des emplois, mais aussi en offrant des débouchés aux agriculteurs de la région."Séson va fonctionner en circuit court, en s'approvisionnant directement chez les producteurs, dans un rayon de moins de 100 km.C'est aussi un avantage économique : on réduit les intermédiaires, et on tient la route au niveau des prix".
Une offre de produits plus diversifiée : "On pourrait penser que les principes locavores restreignent la carte des choix. C'est plutôt le contraire. Dans la grande distribution, les produits sont soumis à des calibrages précis, ce qui conduit par exemple à sélectionner certaines espèces de tomates au détriment d'autres", explique Antoine Ferchaud.
Chez Séson, rien de tel. Durant les deux ans où il a peaufiné son projet, l'entrepreneur locavore s'est tourné vers des produits qui n'étaient pas référencés en grande distribution. Son plateau de fromages réunira le maroilles, le bray picard ou encore la tome de foin. Une diversité qui devrait séduire les entreprises et institutions, cibles visées par Séson. Les locaux de l'entreprise sont actuellement en travaux ; lancement des prestations : début octobre.
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