Salaires : pourquoi les vieux sont mieux lotis que les jeunes
Les rémunérations connaissent, en France, de fortes variations en fonction de l'âge des employés.
La richesse attend bien le nombre des années. En France, les jeunes gagnent moins bien leur vie que les salariés plus âgés. A titre d'exemple, les 21-25 ans gagnaient, en moyenne, 16 399 euros par an en 2010, tandis que la rémunération des 51-60 ans s'élevait, dans le même temps, à 29 054 euros. Si le salaire moyen augmente, en général, à un rythme plus soutenu chez les plus jeunes, on observe ensuite un ralentissement à partir de la quarantaine.
Mais après 55 ans, les courbes de rémunérations sont de nouveau orientées à la hausse, car les salariés les moins qualifiés partent souvent plus tôt à la retraite. Cette augmentation des salaires moyens ne signifie pas que les plus de 55 ans ont des revenus plus élevés que les autres. Au contraire, le départ à la retraite est souvent marqué par une diminution des ressources. Dans le détail, comment expliquer ces disparités ?
Les quatre facteurs qui jouent sur la hausse des salaires
La productivité
L'âge est lié à l'expérience professionnelle. Elle permet d'acquérir de nouvelles compétences et d'améliorer, ainsi, sa productivité. Selon une étude de l'Insee de 2003, "la productivité croît avec l'âge jusqu'à 40 ans, puis se stabilise". Un salarié plus âgé, fort de son expérience, de ses compétences et de sa productivité est également en mesure de mieux "se vendre" face à ses employeurs, et donc de négocier son salaire à la hausse.
La mobilité
Le temps passé par une personne sur le marché du travail lui permet de bénéficier de meilleures opportunités. "Les travailleurs quittent progressivement les emplois les moins bien payés pour ceux qui sont plus rémunérateurs, explique Sarah Le Duigou, doctorante en économie. C'est le canal de la mobilité professionnelle ascendante." Avec le temps, le rapport de force entre les employés et les employeurs évolue. "Les travailleurs gagnent en pouvoir de marché sur les entreprises qui sont contraintes d'offrir des salaires supérieurs pour les attirer", précise Sarah Le Duigou.
L'ancienneté
Dans certaines entreprises ou branches professionnelles, il existe des grilles de salaires. C'est également le cas dans la fonction publique où des grilles indiciaires définissent le salaire selon le poste et l'échelon, qui est évolutif dans le temps. Ces différentes grilles prévoient des augmentations en fonction de l'ancienneté, entrainant mécaniquement donc une hausse des salaires au fil du temps passé au sein de l'entreprise ou de l'institution.
L'effet de génération
Certains écarts de rémunérations ne s'expliquent pas seulement par l'âge d'un salarié. La génération à laquelle il appartient peut aussi avoir son importance. Ainsi, la période à laquelle l'employé entre sur le marché de travail et l'évolution du contexte économique au cours de sa carrière ont également un impact sur les salariales. En clair : un salarié âgé aujourd'hui de 25 ans ne gagnera pas forcément autant dans trente ans qu'un salarié qui a aujourd'hui 55 ans. Selon les conjonctures et les profils (formation, secteur d'activité…) les différentes générations connaissent des parcours plus ou moins favorables.
L'importance des catégories socio-professionnelles (CSP)
Globalement, les salaires augmentent en fonction de l'âge et du parcours professionnel du salarié. Cette tendance cache néanmoins de grandes disparités selon les catégories socio-professionnelles (CSP). Pour certaines d'entre elles, la hausse est minime. Ainsi, le salaire d'un ouvrier varie peu selon l'âge : en 2010, les moins de 29 ans gagnaient, en moyenne, 19 614 euros par an tandis que le salaire moyen de cette CSP atteint son maximum pour les 40-49 ans avec 20 722 euros. Dans le même temps, du côté des cadres, le salaire passe de 45 502 euros par an pour les moins de 29 ans à 75 051 euros pour les plus de 50 ans.
Les jeunes plus touchés par la précarité
Le type de contrat a également un impact sur les inégalités salariales. En 2011, 55% des 15-29 ans étaient employés via des contrats précaires (intérim, CDD ou apprentissage), alors que 8% des 30-49 ans et 5% des 50 ans et plus étaient concernés par ce type de contrats. Sur le long terme, la tendance est plutôt à une augmentation de la précarité chez les jeunes. En 1980, seulement 17% des 15-29 ans avaient un emploi précaire, contre plus de la moitié aujourd'hui.
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