Déficit public : "Des prévisions vraiment beaucoup trop optimistes" de la part du gouvernement, juge une spécialiste

L'objectif de repasser sous les 3% en 2027, sans augmenter les impôts, répété par Bruno Le Maire n'est "pas réaliste", selon Anne-Sophie Alsif, enseignante en économie.
Article rédigé par franceinfo
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Anne-Sophie Alsif cheffe économiste au cabinet BDO France et professeur d’économie à la Sorbonne, le 26 mars 2024 sur franceinfo. (FRANCEINFO / RADIO FRANCE)

"Il y a vraiment des prévisions qui sont beaucoup trop optimistes" de la part du gouvernement, a estimé mardi 26 mars sur franceinfo Anne-Sophie Alsif, enseignante en économie à La Sorbonne et cheffe économiste de la société d’études BDO France, après l'annonce par l'Insee du déficit public de la France, évalué à 5,5% du PIB en 2023 contre 4,9% initialement attendus par le gouvernement. Un écart "jamais vu dans ces proportions", a-t-elle assuré. "En général, on a des écarts de 0,1 ou 0,2 point", a poursuivi l'économiste pour qui, "c'est normal qu'un gouvernement soit optimiste, mais pas à ce niveau".

Alors que le ministre de l'Économie, Bruno Le Maire, a repété sa détermination "totale" à faire revenir le déficit public français sous les 3% en 2027 sans augmenter les impôts, la spécialiste juge la promesse "très optimiste". "On ne pense pas que ce soit réaliste pour l'instant parce qu'il faudrait avoir des prévisions de croissance supérieures à ce que l'on peut avoir", a-t-elle affirmé. Selon l'économiste, "il faudrait avoir des rentrées fiscales plus importantes donc ça veut dire plus d'activités économiques dans un contexte où la croissance mondiale ralentit".

Couper dans les dépenses d'avenir serait une "erreur macroéconomique"

Bruno Le Maire a "appelé à une prise de conscience collective sur la nécessité de faire des choix dans toutes nos dépenses publiques. Ma crainte, c'est qu'on coupe sur les dépenses de moyen long terme", a déploré Anne-Sophie Alsif. Elle suggère de ne pas "couper" dans les "dépenses d'avenir" telles que "l'innovation, l'éducation ou la transition écologique", ce qui peut aboutir à "une erreur macroéconomique puisque que cela aurait un impact sur la croissance potentielle". "Il faut toujours le rappeler, le meilleur moyen de se désendetter, c'est la croissance", a-t-elle résumé.

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