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Crise de la dette : en Europe, tous les signaux virent au rouge

Des menaces de dégradation de notes au démantèlement pur et simple de la zone euro, les nuages sombres s'accumulent au-dessus de la zone euro. FTVi les passe en revue. 

Article rédigé par Benoît Zagdoun
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
La Bourse de Francfort (Allemagne), le 1er novembre 2011. (FRANK RUMPENHORST / AFP)

Agences de notation, institutions internationales, banques... Des acteurs majeurs de l'économie européenne ont fait part ces derniers jours de leur pessimisme en pleine crise de la dette. Toutes attendent une réponse d'ampleur des dirigeants européens alors que l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) a rendu public, lundi 28 novembre, un bilan alarmant.

• Prédiction de récession pour la zone euro

Dans son rapport semestriel publié lundi, l’OCDE établit un constat inquiétant : la zone euro semble être entrée en "légère récession". La croissance devrait être de 1,6 % en 2011, puis de seulement 0,2 % en 2012 pour ne repartir que péniblement l'année suivante.

La raison : la crise de la dette qui, en cas d'événement "négatif majeur", comme un défaut de paiement d'un Etat, pourrait avoir des conséquences "dévastatrices" pour tous les pays riches, estime l'OCDE.

C'est pourquoi "les décideurs doivent se préparer au pire", avertit le chef économiste de l'organisation Pier Carlo Padoan. Il faut dès lors envisager "une plus grande utilisation des ressources de la Banque centrale européenne". L'OCDE appelle également les gouvernements à prendre de nouvelles mesures anti-déficit, ce qu'a d'ores et déjà exclu le ministre des Finances français, François Baroin

• Les notes de tous les pays européens menacées

Autre coup de semonce, celui tiré par Moody’s, dimanche. Selon l’agence d'évaluation financière américaine, les notes de tous les Etats européens sont menacées par l'aggravation rapide de la crise de la dette dans la zone euro.

"En l'absence de mesures politiques qui stabiliseraient la situation des marchés", aucun pays, même parmi ceux jugés les plus solides, n'est à l'abri d'un abaissement de note, prévient Moody’s.

Vendredi déjà, Standard & Poor’s a abaissé la note de la Belgique, après celles de la Hongrie et du Portugal. Et dès mi-octobre, Moody’s avait prévenu que la France risquait de perdre son "triple A".

• Londres prépare la fin de la monnaie unique

Une crise totale conduisant à la mort de la monnaie européenne : voilà le scénario catastrophe sur lequel planchent les banques outre-Manche. Les autorités britanniques évoquent désormais ouvertement des "plans" pour faire face à un démantèlement de la zone euro et demandent au secteur bancaire de s'organiser en conséquence, comme le raconte L'Express

Les banques britanniques ont déjà largement réduit leur exposition aux pays sous perfusion financière internationale, Grèce et Portugal en tête. Pour les milieux économiques, la fin de l'euro aurait en effet un impact dévastateur sur le Royaume-Uni, qui réalise plus de 40 % de ses échanges commerciaux avec ses voisins.

• La Banque centrale européenne sous pression

Dans ce contexte tendu, les choix de la Banque centrale europénné (BCE) font débat, rappelle Le Point. L'institution de Francfort refuse de racheter massivement la dette souveraine des pays de la zone euro en difficulté. Certains pays notés triple A souhaiteraient qu’elle agisse comme prêteur en dernier ressort. Et bien que la France ait cédé du terrain à l'Allemagne sur le sujet la semaine dernière, des Etats continuent à faire pression pour que Berlin infléchisse sa position. 

• La difficile mise en place d'une gouvernance européenne 

Dans l'immédiat, Angela Merkel et Nicolas Sarkozy travaillent à une autre solution, plus politique. Paris et Berlin veulent établir un nouveau pacte de stabilité et de croissance qui ne s’appliquerait qu’aux six pays de la zone euro bénéficiant encore de la note triple A. La France, l’Allemagne, l’Autriche, les Pays-Bas, la Finlande et le Luxembourg s'engageraient à respecter une stricte rigueur budgétaire, voire à entreprendre des réformes structurelles.

Ce nouveau traité de gouvernance, sur lequel Le Figaro revient, pourrait convaincre Berlin d'accepter enfin le principe des euro-obligations. Ces six pays mettraient ainsi leurs dettes en commun et pourraient émettre des "obligations d'élite". Leur précieux triple A leur permettraient d'emprunter à des taux avantageux sur les marchés. Les fonds récoltés pourraient ensuite être utilisés pour financer l'aide aux pays en difficulté de la zone euro.

Le couple franco-allemand devrait présenter son projet à ses partenaires lors du sommet européen, les 8 et 9 décembre prochains.

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