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Trois chiffres pour comprendre l'ampleur de la crise de liquidité en Grèce

Après le non au référendum, la Grèce s'enfonce un peu plus dans sa crise de la dette. Avec, chaque jour, un peu moins d'argent frais dans les coffres de ses banques.

Article rédigé par Benoît Zagdoun
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Une pièce grecque d'un euro photographiée le 14 septembre 2011 à Paris. (JOEL SAGET / AFP)

L'heure est grave. La Grèce est désormais menacée de faillite et les dirigeants de la zone euro, réunis en sommet à Bruxelles mardi, vont sans doute se pencher sur une "aide humanitaire" à apporter aux Grecs. Le ministre allemand de l'Economie, Sigmar Gabriel, l'a déclaré, lundi 6 juillet, au lendemain de la victoire écrasante du non au référendum.

Dimanche, les Grecs ont massivement voté non aux réformes et coupes budgétaires demandées par leurs créanciers en échange d'un renflouement du pays. Leur vote retarde encore un peu plus une éventuelle sortie de crise de la dette grecque. En attendant, la dette publique hellène a atteint 312 milliards d'euros à la fin du premier trimestre 2015. Ramenée aux quelque 11 millions de Grecs, cela représente une ardoise de plus de 28 000 euros par habitant. La Grèce n'a plus d'argent. Démonstration en trois chiffres symboliques.

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Un milliard d'euros retirés des banques en une journée

Dans le jargon de la finance, on appelle cela un "bank run". Traduisez : une course aux guichets, une panique bancaire. Alors que l'avenir de leur pays est chaque jour plus incertain, les Grecs veulent sauver leur argent et vident leurs comptes en banque. En une seule journée, le 18 juin, ils ont retiré un milliard d'euros. Et ils avaient déjà sorti deux milliards d'euros de leurs comptes les trois jours précédents.

Les banques grecques ont l'habitude de ces retraits massifs qui assèchent leurs caisses chaque fois un peu plus. Ils se répètent avec la même ampleur les jours précédant une échéance de remboursement ou de prolongement de l'aide financière à la Grèce. Ils avaient aussi augmenté à l'approche des élections du 25 janvier, qui ont porté au pouvoir le parti anti-austérité Syriza.

Mais ils se sont brusquement accélérés à l'annonce d'un probable prochain défaut de paiement. Ainsi, 4,7 milliards d'euros avaient été retirés des banques grecques en 30 jours en avril, le dernier mois pour lequel les chiffres officiels sont disponibles. Et en sept mois, d'octobre 2014 à avril 2015, plus de 30 milliards d'euros auraient été retirés des banques, selon la Banque de Grèce, citée par Le Figaro.

De 45 à 90 euros en stock dans les banques par habitant

Les chiffres varient du simple au double. Mais le résultat est le même : les banques grecques seront très bientôt à court d'argent liquide, ce qui paralysera complètement l'économie déjà chancelante du pays.

D'après la présidente de la fédération bancaire grecque, le "matelas de liquidités" dont disposent les banques hellènes n'est que "d'environ un milliard" d'euros. Le président de la chambre de commerce grecque, mentionné par Le Figaro, est encore moins optimiste. Selon lui, il ne resterait plus que 500 millions d'euros en liquide dans les coffres des banques grecques. Cette réserve d'argent liquide n'excède donc pas 45 à 90 euros par habitant.

Passé lundi, tout dépendra du bon vouloir de la Banque centrale européenne (BCE), souligne la présidente de la fédération bancaire grecque. La BCE met à diposition de la Grèce un programme de soutien financier d’urgence, dernier moyen de financement des banques et de l’Etat grec. Des "ELA" – pour "emergency liquidity assistance" ou "fourniture de liquidités d’urgence" – que les banques grecques peuvent retirer auprès de leur banque centrale. Leur plafond a déjà été relevé à environ 89 milliards d'euros et devait être rediscuté lundi après-midi.

Pas plus de 60 euros au guichet par jour et par personne

Face à ces fuites massives de capitaux, le gouvernement grec a décidé la fermeture des banques pour une semaine et l'instauration d'un contrôle des capitaux. Depuis sept jours déjà, et pour quelques jours encore, les Grecs ne peuvent pas retirer plus de 60 euros par jour et par personne aux distributeurs.

En pratique, ces retraits sont même souvent réduits à 50 euros, les billets de 20 étant de moins en moins nombreux à circuler. Et les habitants évitent de les dépenser trop vite, ne sachant pas quand – voire si – une issue sera trouvée à la crise. Il n'existe toutefois pas de plafond de retrait pour les touristes et en général pour toute personne possédant une carte sur un compte bancaire à l'étranger. Encore faut-il que les distributeurs ne soient pas à sec.

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