La dégradation de la note de la dette de la France était "prévisible" et "n'a pas de conséquences dramatiques pour le pays", estiment des économistes
"Cette dégradation en tant que telle n'a pas de conséquences dramatiques pour le pays", estime vendredi 31 mai sur franceinfo Sylvain Bersinger, économiste au sein du cabinet Asterès, après la dégradation de la note de la dette de la France par l'agence de notation S&P de AA à AA-.
Les notes des agences de notation "font beaucoup de battage médiatique, mais leur impact concret est quand même très faible, voire quasiment nul", affirme Sylvain Bersinger. Selon lui, "il ne faut pas en tirer des conséquences excessives parce que, par le passé, on voit" que les notes "n'ont pas de traduction significative sur les taux auxquels s'endette l'Etat français". L'"important", pour l'économiste, c'est "à quel taux s'endette la France".
Le message envoyé par la dégradation de la note de la France par S&P, "c'est que le risque de défaut, donc le risque de non remboursement de la dette française perçue par l'agence de Standard & Poor’s augmente", ajoute encore Sylvain Bersinger. "L'agence estime que le risque que la France fasse un jour défaut a augmenté d'un cran." Mais au finale, "la note française reste bonne, mais elle est un petit peu moins bonne qu'elle ne l'était".
"On n'a pas atteint l'équilibre budgétaire depuis 1974"
Pour l'économiste Emmanuelle Auriol, professeure à la Toulouse School of Economics, cette dégradation de la note de la dette de la France par l'agence de notation S&P Global Ratings de AA à AA- "était un peu prévisible". L'économiste estime que la France a "un peu" un problème de dette et "un peu" un problème de crédibilité. "Ce n'est pas seulement ce gouvernement, c'est une histoire qui date depuis un demi-siècle. On n'a pas atteint l'équilibre budgétaire dans notre pays depuis 1974". La France "accumule de la dette tous les ans, elle est passée d'à peu près 14% du PIB à environ 110%", explique Emmanuelle Auriol.
Réagissant à la déclaration de Bruno Le Maire, qui assure que la dégradation de la note de la dette de la France n'aura "pas d'impact sur le quotidien des Français", l'économiste estime que le ministre de l'Economie "n'a pas tort parce que la demande de la dette française est bien supérieure à l'offre". Elle est "donc à considérer comme sûre".
Emmanuelle Auriol estime que la politique du "quoi qu'il en coûte" ne peut pas durer et que la France doit poursuivre ses efforts pour redresser ses finances publiques à l'instar de ses voisins européens. "Par exemple, le Portugal a atteint l'équilibre budgétaire, le pays a dépensé moins, qu'il n'a engrangé de recettes. L'Allemagne est très bon élève" alors que la France est un peu le "mauvais élève de l'Union européenne", selon elle.
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