Logo Origin'Info : quatre questions sur le dispositif censé informer les consommateurs de la provenance des ingrédients contenus dans les produits transformés

Un logo, bleu ou noir, sera apposé directement sur les emballages des produits alimentaires. Les fabricants volontaires mentionneront les trois principales matières agricoles du produit et leurs pays d'origine.
Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Des plats préparés dans le rayon d'un magasin Carrefour, à Paris, le 7 décembre 2020. (LUC NOBOUT / MAXPPP)

Mieux informer pour mieux consommer. D'ici la fin de l'année, le logo Origin'Info fera son apparition sur l'emballage de certains produits alimentaires transformés, a annoncé le ministère de l'Economie, samedi 25 mai, dans un communiqué. Comme son nom l'indique, cette nouvelle signalétique vise à apporter "une réponse concrète et claire à une demande de tous les consommateurs : savoir d'où vient ce que l'on mange", y déclare la ministre déléguée chargée des Entreprises, du Tourisme et de la Consommation, Olivia Grégoire. 

Imaginé par le collectif En Vérité, qui rassemble une soixantaine de marques du secteur agroalimentaire, ce nouveau dispositif ne relève pas d'une loi, mais d'une charte, dont l'objectif est de clarifier les affirmations parfois trompeuses qui apparaissent sur les emballages. 

1 Quelles sont les informations qui vont apparaître sur les emballages ?

Dans le communiqué de Bercy, le ministre de l'Agriculture, Marc Fesneau, s'est félicité pour la mise en place de cet outil, vantant une "information synthétique, claire, lisible et harmonisée" sur ce que renferment les produits transformés. Le logo, imaginé en bleu ou en noir, proposent trois modèles : un premier qui liste les trois principales matières agricoles du produit et leurs pays d'origine ; un autre complété par une indication du lieu où le produit a été transformé, représenté par une petite usine ; et enfin, une version cette fois complétée par un graphique en forme de camembert, représentant la part relative de chaque pays de provenance dans la composition du plat.

Capture d'écran des trois versions du logo Origin'info, dévoilé le 25 mai 2024 par le ministère de l'Economie et des Finances. (MINISTERE DE L'ECONOMIE)

Sur une photo d'illustration représentant un plat de pâtes à la bolognaise, on peut ainsi lire "blé France", "tomates Italie" et "bœuf France". "On parle bien de produits primaires et non d'ingrédients", a mis en garde le ministère de l'Economie, cité par Le Parisien, rappelant que "la farine est un ingrédient et le blé qui la compose son produit primaire." 

Concrètement, les industriels qui adhèrent à la charte du dispositif doivent faire figurer "au moins l'ingrédient dépassant 50% de la quantité (le lait pour un yaourt, par exemple) et/ou le ou les ingrédients emblématiques (la fraise pour un yaourt à la fraise)", résume le site spécialisé LSA-Conso. "Et si aucun ingrédient dépasse le seuil des 50%, il faudrait mettre les principaux ingrédients caractéristiques (par exemple du jambon et du fromage pour une pizza annoncée comme jambon/fromage)".

Enfin, "l'adhérent à la démarche n'utilisera pas de mention d'origine supranationale, telle que UE, non-UE, sauf si le nombre de pays d'origine est supérieur ou égal à quatre", peut-on lire dans la charte.

2 Cet étiquetage sera-t-il obligatoire ?

Non. Le logo Origin'info ne sera pas obligatoire. De plus, l'entreprise ne sera pas obligée de le faire apparaître sur un emballage d'un produit pourtant fabriqué par une entreprise adhérente de la charte. En effet, cette information pourra figurer sur les étiquettes électroniques en rayons, sur les sites de drive des enseignes, voire être accessible seulement à travers un QR Code à déchiffrer avec le téléphone.

Dans Le Parisien, Olivia Grégoire a justifié cette possibilité en remarquant que certains ingrédients peuvent changer de pays d'origine au fil des saisons, comme les fraises dans les yaourts ou les tomates dans la sauce tomate. Le QR Code évite ainsi à l'entreprise d'avoir à "modifier régulièrement son packaging" ou que "les informations sur l'emballage soient erronées", a relevé la ministre.

Pour l'instant, 80 marques, dont plusieurs sont également membres du collectif En Vérité, qui a imaginé le dispositif, ont déjà fait savoir leur participation, selon le communiqué de Bercy. Parmi les adhérents, figurent Fleury Michon, Bonduelle, D'Aucy, Lesieur, Panzani ou Saint-Mamet, ainsi que la plupart des grands distributeurs, sauf Auchan qui attend 2025 pour mettre en œuvre cette nouveauté. 

D'ici à la fin de l'année, plus de 10 000 références devraient ainsi afficher Origin'Info, selon le ministère. 

3 Quels sont les effets positifs attendus de ce nouveau logo ?

En plus d'informer le consommateur, Origin'Info "permettra également de lutter contre certaines pratiques trompeuses, préjudiciables aux agriculteurs, comme l'usage parfois abusif du drapeau français alors qu'aucun ingrédient du produit ne vient de France", a encore noté le ministère de l'Economie. Les filières agricoles attendent en effet "davantage de transparence de la part des entreprises de la transformation alimentaire, en plus des obligations réglementaires déjà existantes", fait savoir le communiqué de Bercy. 

Car, si la loi impose que la mention du pays d'origine apparaisse clairement pour les produits bruts (les fruits et légumes, la viande, le poisson, mais aussi le miel ou encore le vin), l'utilisation de matières premières achetées à l'étranger par des industriels de l'agroalimentaire figurait parmi les motifs de la fronde des agriculteurs, début 2024. 

Les consommateurs sont en effet demandeurs d'un étiquetage "clair, fiable, pratique et pertinent", dévoilait en 2017 une étude de la CLCV menée avec l'Inra. L'origine des produits y apparaissait comme la seconde information la plus consultée (33%) avant l'acte d'achat, juste derrière le prix (35%). En octobre, une étude d'En Vérité (PDF), dans laquelle le collectif de professionnels de l'agroalimentaire testait l'efficacité de son projet de logo, assurait encore que "l'affichage de l'origine des matières premières est considéré comme important pour 85% des Français, suivi de près par le lieu de transformation (82%)." 

4 Et quelles sont ses limites ?

"L'initiative proposée par le gouvernement ne peut être qu'un point de départ", ont déclaré vendredi les associations CLCV, Familles rurales, Foodwatch et UFC-Que Choisir. "Il est nécessaire de porter au niveau européen une obligation d'étiquetage de l'origine des produits transformés, la plus précise possible et sur un support non dématérialisé", ont-elles fait savoir dans un communiqué communPour CLCV, "ce type de logo n'est utile que s'il est possible de comparer les produits entre eux". L'association réclame ainsi que "l'affichage du logo soit obligatoire et a minima présent sur l'ensemble des marques pour les professionnels qui s'engagent dans la démarche." 

Enfin, les associations regrettent "une démarche basée sur le seul volontariat. Les marques ayant une politique d'approvisionnements aux origines multiples, variables ou lointaines, ne seront pas incitées à faire preuve de plus de transparence, ni à modifier leurs pratiques", ont-elles plaidé, appelant à "élargir l'obligation à l'origine des autres ingrédients caractérisants d'une denrée."

Pour Pact'Alim, qui représente les PME et ETI (Entreprises de taille intermédiaire) de l'alimentation, il est essentiel que "cette harmonisation soit également opérée au niveau européen, pour ne pas faire peser sur les entreprises françaises des contraintes qui ne s'appliqueraient pas à leurs concurrents et pour permettre au consommateur d'avoir l'information quel que soit le pays de fabrication, notamment pour les produits importés", a précisé l'organisation dans un communiqué.

S'exprimant devant l'Assemblée nationale le 17 mai, Marc Fesneau a en tout cas fait savoir que le sujet de l'étiquetage serait évoqué au prochain Conseil européen, peut-on lire sur le site de La Chaîne parlementaire. Ce jour-là, les députés ont adopté un amendement au projet de loi d'orientation agricole visant à imposer un affichage de l'origine des produits alimentaires sous forme graphique, à partir du 1er janvier 2025. Or, rappelle la chaîne, cet amendement n'a pas été soutenu par le gouvernement, ce dernier craignant des problèmes de "conformité avec le droit européen." Et lui préférant, en attendant, le dispositif non contraignant Origin'info.

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