"C'est une production d'avenir" : dans l'Aveyron, les éleveurs de brebis défendent le système de l'AOP pour la production du Roquefort

Dans l'Aveyron, les éleveurs de brebis participent à l'élaboration du fromage de Roquefort sous appellation d'origine protégée. Une production qui doit permettre une qualité des produits pour le consommateur et une juste rémunération des agriculteurs.
Article rédigé par franceinfo
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Des brebis dans un élevage situé sur le plateau du Larzac (Aveyron) le 25 août 2021. Photo d'illustration. (FRED SCHEIBER / AFP)

L'appellation d'origine protégée (AOP) peut-elle faire partie des solutions pour le monde agricole alors que les agriculteurs français continuent de manifester leur colère à quelques jours de l'ouverture du salon ? La production des produits AOP, plutôt haut de gamme et sur des territoires strictement délimités, est préservée de la concurrence internationale comme dans l'Aveyron, où des éleveurs de brebis produisent le lait pour le fromage de Roquefort.

"Le champ de gauche, ce sont des repousses de céréales qui vont servir à faire pâturer les brebis dès qu'on va les mettre à l'herbe dans un mois et demi, présente Laurent Reversat, éleveur dans le Larzac. Le champ de droite, c'est un fourrage qui doit durer cinq ou six ans et au fond, il y a des céréales à moissonner qui nous serviront pour l'alimentation des brebis. On vise l'autonomie. Et selon les années, oui, on est globalement autonome." Aucune nourriture n'est achetée à l'extérieur pour ses 200 brebis. Un choix autant économique qu'écologique pour Laurent Reversat mais c'est aussi une obligation inscrite dans le cahier des charges pour ceux qui veulent de leur lait cru et entier en Roquefort.

"Une force pour tous les éleveurs de pouvoir compter sur cette AOP"

En cette mi-février, Clément Puech profite du redoux pour sortir ses bêtes. Le jeune agriculteur ne regrette surtout pas de s'être associé il y a cinq ans à la ferme familiale  "On était déjà en brebis laitières, raconte l'éleveur. Je savais que c'était une production qui marchait. Pour moi, c'est une production d'avenir, donc je ne me suis pas vraiment posé la question est-ce que je continue ou est-ce que j'arrête parce que j'aime ça aussi."

Car son lait lui est payé un peu plus d'un euro le litre. Le résultat d'une négociation où ce sont les producteurs qui ont la part belle : "Toute une partie du lait qui va dans la fabrication du Roquefort, le fabricant n'a pas le choix, il faut qu'il nous le prenne pour faire leur transformation, explique Jérôme Faramond, président de l'association des producteurs de lait de brebis pour Roquefort. Cette partie-là de la négociation est quand même bien plus simple et, en tout cas, plus saine pour nous. C'est une force pour tous les éleveurs de pouvoir compter sur cette AOP pour son prix du lait, c'est une évidence."

S'ils se considèrent comme favorisés par l'AOP, les producteurs de lait de brebis ne roulent pas sur l'or. La filière estime que chaque personne travaillant sur l'exploitation dégage un revenu entre une fois et demi et deux fois le Smic. Un revenu menacé ces dernières années explique l'éleveur Laurent Reversat : "Les coûts de production depuis deux ans ont augmenté et on ne peut pas augmenter notre prix du lait en conséquence, parce que le marché ne l'accepte pas. Les produits haut de gamme, les produits bios, les produits sous signe de qualité sont déconsommés parce qu'il y a une problématique de prix." Entre 2022 et 2023 les ventes de fromages de brebis ont chuté en France selon les variétés de 4 à 14%.

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