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Rapport Gallois : cinq infos pour comprendre le débat sur la compétitivité

Le rapport de l'ex-patron d'EADS vient d'être remis à Matignon au terme de plusieurs mois de controverses. Faut-il un "choc" en France ? Ce document sera-t-il suivi ? Eléments de réponses.

Article rédigé par franceinfo
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Louis Gallois (à g.) remet son rapport sur la compétitivité à Jean-Marc Ayrault, à l'hôtel Matignon (Paris), le 5 novembre 2012. (PHILIPPE WOJAZER / AFP)

COMPETITIVITE – Le rapport sur la compétitivité était très attendu et déjà controversé. Louis Gallois a dévoilé lundi 5 novembre son rapport, au terme de plusieurs mois de controverses, de fuites et de crispations autour de la question de la baisse des cotisations. Avant même sa publication, le gouvernement a déjà relativisé son importance, évoquant une simple "contribution" au débat. Francetv info vous propose d'y voir plus clair grâce à ces cinq points.

1La France cumule les faiblesses

L'économie française cumule de nombreux points faibles, d'où la nécessité d'agir. Parmi ces faiblesses, listées par Le Figaro.fr : le coût du travail. En moyenne, une heure de travail dans l'industrie et les services coûte 3,30 euros de plus qu'en Allemagne. En cause : taxes, cotisations et système de protection sociale français. Se rajoutent à cela un niveau de dépenses publiques élevé. Elles représentaient 56,1% du PIB en 2011, selon l'Organisation de coopération et de développement économique (OCDE). Autre point faible : une fiscalité lourde et parfois improductive, aux yeux de l'OCDE, organisation plutôt libérale ; un marché du travail pas assez flexible, trop clivé entre CDI d'un côté et CDD et intérim de l'autre ; enfin, la France "perd du terrain sur le front de l'innovation" et de la recherche, note Le Figaro. En 2008, l'Hexagone a dépensé 2% de son PIB en recherche et développement, alors que la moyenne dans l'OCDE est de 2,3%. Et la France reste loin du Japon (3,4%), des Etats-Unis (2,8%) ou encore de l'Allemagne (2,6%).

Parmi les (rares) points forts de la France, Le Figaro note le coût de l'énergie, notamment électrique, qui est encore bon marché ; la qualité de ses infrastructures de transport et de logistique ainsi que ses réseaux de télécommunications ; et son niveau acceptable en matière d’éducation. 

2Choc ou pas choc ? Le choix de la méthode

Susciter un "choc" de compétitivité, encourager un "pacte" ou suivre une "trajectoire" ? Ce débat n'est pas simplement sémantique : il en dit long sur les différentes méthodes. Et sur les divisions à gauche, comme le souligne L'Express.fr. Le choc de compétitivité est plébiscité à droite et au Medef. Parmi les pistes, la TVA sociale, un transfert de charges vers un impôt, concept défendu par Nicolas Sarkozy. D'autres socialistes, comme Jean-Marie Le Guen, député de Paris, sont favorables à un "choc".

Mais la gauche du PS s'oppose à un tel "choc". "Si on concevait que l'on puisse transférer 30 milliards de cotisations salariales et patronales vers les ménages, il y aurait un choc qui serait un choc de pouvoir d'achat immédiat", a prévenu dimanche Benoît Hamon, ministre délégué en charge de l'Economie sociale. Un point de vue partagé par d'autres membres du gouvernement, comme Marisol Touraine, ministre de la Santé : "Un choc serait risqué pour la croissance et mauvais pour le pouvoir d'achat". Et Jerôme Cahuzac, intraitable ministre du Budget, estime aussi que "les économies prévues sont suffisantes. C'est déjà considérable." On se dirige donc plutôt vers un "pacte de compétitivité", comme François Hollande l'a annoncé. Pierre Moscovici l'a indiqué, le gouvernement prévoit "non pas pas un choc, mais une trajectoire de compétitivité à mettre en œuvre dans toute la société française, dans toute l'économie française et pendant toute la durée du quinquennat." 

3Des modèles français à suivre 

Malgré la crise économique, il existe des entreprises qui ont su rester compétitives. Francetv info en présente cinq en vidéos. Une entreprise qui fabrique de la cotte de maille pour équiper les bouchers ou les producteurs d'huîtres a décidé de conquérir d'autres marchés, comme la mode ou le design. Des entreprises spécialisées dans la mécanique industrielle ont choisi de se regrouper en "grappe" afin d'avoir plus de poids, d'alléger leurs charges et de trouver de nouveaux contrats. Un fabricant de matériel orthopédique médical est n°1 en France et emploie 1 400 salariés à travers le monde, en innovant sans cesse. Une entreprise du Var est pionnière dans les Oled, la lumière du futur, qui rend l'ampoule obsolète. Et Repetto, l'entreprise de luxe spécialisée dans la ballerine pour danseuses, a dû développer sa gamme pour faire face à la concurrence.  

4On enterre bien les rapports

Pas encore remis au gouvernement, le rapport Gallois était déjà relativisé par le gouvernement et le chef d'Etat. Objet de polémiques avant même sa publication retardée de trois semaines, ce rapport risque de n'apparaître que comme un rapport de plus sur le sujet. François Hollande n'a-t-il pas dit, le 19 octobre à Bruxelles, qu'il engageait son seul auteur ? Avant d'assurer cependant que le gouvernement en retiendrait "sûrement beaucoup d'éléments". Pierre Moscovici a lui réduit le rapport à une simple "contribution".

Ce ne serait pas la première fois qu'un président de la République commande un rapport à un expert et que ce rapport termine aux oubliettes. "Nicolas Sarkozy a eu son rapport Attali sur la croissance, Jacques Chirac son rapport Pébereau sur la dette", souligne Le Huffington Post. A chaque fois, la méthode est la même : faire appel à un expert incontestable, médiatiser la question et se donner du temps. Enfin, s'éloigner du rapport pour ne pas l'appliquer. Ce que laissait penser Michel Sapin, ministre du Travail, pour qui ce raport ne serait "pas le seul point de vue qui compte". Le Huffington Post rappelle que le rapport Attali proposait 314 mesures, et que le gouvernement Fillon en avait enterré l'écrasante majorité. Même chose pour le rapport Pébereau sur la dette publique, qui est resté lettre morte.

5Et si le problème était ailleurs ? 

Comme le souligne sur Francetv info Alexandre Delaigue, professeur d'économie à l'Ecole militaire Saint-Cyr Coëtquidan, "la compétitivité est une donnée relative". "Elle ne se définit que par rapport aux autres. Les efforts de compétitivité d'un pays sont peine perdue si tout le monde essaie d'accroître sa compétitivité en même temps. Surtout en période de crise, et lorsqu'il y a du chemin à faire. On retombe donc toujours sur le dilemme européen, et le fait que l'euro ne fonctionne pas", explique le professeur sur son blog Classe éco. Deux options s'offrent à nous, selon Alexandre Delaigue : la sortie de l'euro ou un saut vers davantage d'intégration.

Autre question soulevée par le professeur d'économie : "Vouloir créer des emplois en baissant le coût du travail, en élevant les marges des entreprises, et en faisant supporter le coût de l'opération sur les fonctionnaires, les retraités, les bénéficiaires de minima sociaux, etc, n'est pas forcément stupide, mais politiquement pas très vendeur, surtout pour un gouvernement de gauche." La compétitivité ne serait alors qu'un vernis, une façon de mieux faire passer une pilule "en appelant au grand sursaut patriotique". Et surtout une façon de ne pas poser la question de "la pérennité de ces institutions majeures que sont nos systèmes sociaux et construction européenne".

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