Aide à l'ouverture de commerces locaux : le président de l'Association des maires ruraux craint la "fausse bonne idée"
"J'ai quelques réserves", a réagi le président de l'Association des maires ruraux de France ce jeudi 23 février sur franceinfo à l'annonce du plan d'aide à l'installation de commerces dans les milieux ruraux. Il s'agit d'une enveloppe globale de 12 millions d'euros sur 2023 permettant d'accompagner un projet jusqu'à 80 000 euros pour un commerce physique et 20 000 euros pour un commerce itinérant, selon un communiqué du ministère de l'Economie.
"D'un côté, ça prouve que le gouvernement veut s'intéresser à un service de proximité par rapport aux commerces locaux, déclare Michel Fournier avant de nuancer. Ça peut sembler intéressant mais [ça concerne] uniquement la création [de commerces]."
"Il faut que le consommateur ait une culture différente en se disant qu'il veut faire vivre la réponse de proximité."
Michel Fournier, président de l'AMRFsur franceinfo
Le président de l'AMRF estime que "s'il n'y a pas de commerces à certains endroits, c'est parce que ce serait difficile d'en vivre. Il ne faut donc pas qu'une mesure alléchante comme ça entraîne des personnes à se dire 'pourquoi pas' et de finalement arrêter au bout de très peu de temps." Michel Fournier, maire mais aussi ancien commerçant en zone rurale est "intéressé pour du développement local", mais il "connaît les difficultés de pouvoir exister dans la durée."
Michel Fournier craint donc que cette annonce soit une "fausse bonne idée", avec moins de réserve, en revanche, concernant l'aide à destination des commerces ambulants. Il explique qu'il y a des habitants éloignés des commerces "à cause d'un manque de mobilité par exemple", et ajoute également qu'il y a des "nouvelles façons de pratiquer, il y a une nouvelle approche" vis-à-vis de la consommation.
Les précisions du ministère
Au ministère des PME, du Commerce, de l'Artisanat et du Tourisme, on se dit surpris de ce malentendu, soulignant que les observations de l'AMRF lors des réunions de calage du dispositif ont bien été prises en compte. "Il ne s'agit pas seulement d'aides à la création de commerces, précise à franceinfo un conseiller du ministère. Les projets de transmission, de transformation ou de développement de commerces existants sont également éligibles."
Selon l’INSEE, plus de 21 000 communes ne disposent d’aucun commerce, soit 62% des communes françaises contre 25% en 1980.
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