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Ces objets victimes de l'obsolescence programmée

Machines à laver, téléviseurs, cafetières, téléphones portables… Revue des produits affectés par ce que l'écologiste Jean-Vincent Placé qualifie d'"aberration écologique et sociale".

Article rédigé par Louis San
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Une télévision à tube cathodique dans une poubelle à Burke (Etats-Unis), le 12 juin 2009. (TERRY BOCHATEY / REUTERS)

C'est une situation qui ne nous est pas inconnue : une imprimante, un téléphone ou un lave-linge qui tombe en panne peu après la période de garantie. Une situation contre laquelle s'est engagé Jean-Vincent Placé, le chef de file des sénateurs écologistes. Il doit présenter au Sénat, mardi 23 avril, une proposition de loi pour "en finir avec l'obsolescence programmée des appareils". Selon lui, "c'est un stratagème de certains industriels pour écourter leur durée de vie afin de contraindre les consommateurs à renouveler leurs achats".

Le Centre européen de la consommation (CEC), une association franco-allemande de défense des consommateurs, recense dans une étude (document PDF) les différents types d'obsolescence affectant des produits très divers. Alors, quelle obsolescence pour quels objets ? Revue de détail.

"Défaut fonctionnel" : machines à laver, téléviseurs, cafetières…

Ces équipements sont victimes d'obsolescence par défaut fonctionnel. Pour le CEC, c'est "celle qui caractérise le plus l'obsolescence programmée". En clair, si une seule et unique pièce de l'appareil tombe en panne, l'appareil entier cesse de fonctionner. L'économiste Serge Latouche, figure de proue du mouvement pour la décroissance, écrit dans son livre Bon pour la casse - Les déraisons de l'obsolescence programmée que "les appareils électriques les plus sujets à caution, suivant les experts, sont les grille-pain, les fers à repasser et les cafetières. En effet, tous sont montés avec thermostat, objet fréquent de pannes".

Le CEC pointe chez les téléviseurs LCD ou plasma un composant appelé condensateur qui est sollicité lors de l'allumage et qui a tendance à gonfler puis à se casser. D'après l'association, les nouvelles télévisions sont hors d'usage après 20 000 heures, soit neuf ans d'utilisation, alors que "la durée de vie des téléviseurs contenant des tubes cathodiques était entre dix et quinze ans en moyenne".

Une télévision cathodique attend d'être ramassée par les éboueurs, à New York (Etats-Unis), le 24 juillet 2009. (RICHARD B. LEVINE / NEWSCOM / SIPA / SIPA USA)

"Notification" : les imprimantes et les cartouches d'encre

Elles sont particulièrement touchées par "l'obsolescence par notification". Le CEC indique qu'il s'agit "d'une forme plutôt évoluée d'auto-péremption". Elle consiste à programmer un produit afin qu'il demande à l'utilisateur de le réparer ou de le remplacer, en partie ou partiellement. Le documentaire Prêt à jeter diffusé sur Arte en 2011 (visible sur YouTube et qui doit être rediffusé jeudi) évoque des imprimantes dont le fonctionnement cesse après 18 000 copies.

Un Roumain manipule une imprimante défectueuse à l'association Ateliers sans frontières, un centre de recyclage près de Bucarest, la capitale roumaine, le 1er février 2013. (DANIEL MIHAILESCU / AFP)

"Incompatibilité" : les logiciels

Ils sont les plus prompts à être victimes d'obsolescence par incompatibilité. C'est-à-dire qu'ils deviennent inutilisables à partir du moment où ils ne sont plus compatibles avec des versions ultérieures ou avec celles d'un concurrent. En 2012, des sites spécialisés comme ZDnet ou Numerama ont expliqué comment le géant de l'informatique Microsoft a organisé l'obsolescence de son système d'exploitation Windows XP, prévue pour 2014.

Des boîtiers du logiciel d'exploitation de Microsoft Windows XP dans un magasin à Séoul (Corée du Sud), le 8 novembre 2004. (REUTERS)

"Indirecte" : les batteries ou les chargeurs

Le CEC parle d'"obsolescence indirecte" car ce ne sont pas les produits qui sont mis hors d'usage, mais des accessoires nécessaires à leur fonctionnement. Le CEC rappelle le cas des iPod d'Apple de première, deuxième et troisième générations. La marque à la pomme avait choisi de ne pas y installer de batteries amovibles, pour conserver un design futuriste. Problème : quand la batterie tombait en panne (généralement au bout de dix-huit mois), il fallait acheter un nouvel appareil.

Un iPod d'Apple de 2e génération montré lors de l'exposition Macworld à New York (Etats-Unis), le 17 juillet 2002. (CHIP EAST / REUTERS)

"Cumulée" : les téléphones portables

Les mobiles, et notamment les smartphones, sont à la croisée de nombreux types d'obsolescence. Non seulement une seule pièce défectueuse peut les rendre hors d'usage, mais ils peuvent également être victimes de leurs batteries ou de leurs chargeurs. Sans compter les problèmes de compatibilité : les applications téléchargeables sur les smartphones réclament "toujours plus de mémoire vive pour fonctionner. Il faut donc des appareils toujours plus récents afin de pouvoir télécharger ce genre d'applications pour smartphones", relève le CEC.

Un ouvrier d'une usine de recyclage de Tokyo (Japon) saisit un téléphone portable au milieu de vieux mobiles. (TORU HANAI / REUTERS)

Mais les téléphones portables sont aussi des victimes privilégiées de l'obsolescence esthétique, selon l'appellation du CEC. C'est-à-dire que les consommateurs se séparent d'appareils encore en état de marche pour en acquérir de plus modernes. Marc Giget, fondateur de l'Institut européen de stratégies créatives et d'innovation, explique dans un entretien au magazine économique Stratégies que "le phénomène de mode est plus destructeur que le phénomène technologique : Apple l'a créé en lançant des smartphones tous les six mois, de même que Swatch le faisait avec ses montres. Le consommateur est comme une ado devant des fringues."

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