Ce qu'il faut retenir du rapport de l'Observatoire des inégalités sur les riches en France
Avec quel niveau de vie est-on considéré comme riche ? Les grandes fortunes sont-elles de plus en plus nombreuses ? L'Observatoire des inégalités répond à ces questions dans un rapport riche d'enseignements.
"Bernard Arnault pourrait s'offrir tous les logements de la ville de Marseille." C'est l'une des conclusions chocs du rapport sur les riches en France, publié mercredi 1er juin par l'Observatoire des inégalités. Basé sur des données de l'Institut national de la statistique et des études économiques (Insee), celui-ci vise à dresser un état des lieux de la richesse en France. Voici ses principaux enseignements.
Quelque 4,5 millions de Français sont riches
A partir de quand est-on riche ? Le rapport s'attaque à l'épineuse question du seuil de richesse, un indicateur qui n'existe pas officiellement en France. L'Observatoire des inégalités définit ainsi la richesse par un niveau de vie qui équivaut à deux fois le niveau de vie médian. C'est-à-dire 3 673 euros par mois après impôts pour une personne seule ou 5 500 euros pour un couple. Il considère donc que 4,5 millions de Français sont riches. Soit 7,1% de la population. Une part en baisse puisqu'elle était de 8,6% en 2010.
L'Observatoire des inégalités s'intéresse également à une autre forme de richesse : le patrimoine, qui se caractérise par des possessions de biens immobiliers ou financiers (comptes en banque, actions...). Ainsi, 4,6 millions de ménages, soit 16% des foyers, sont considérés comme "fortunés" et disposent de plus du triple du patrimoine médian (soit
Les riches sont de plus en plus riches
Selon ce rapport, le niveau de vie des 10% les plus riches est resté globalement stable entre 2010 et 2019. Un résultat que l'Observatoire des inégalités explique notamment par les conséquences de la crise financière de 2008. Mais entre 1999 et 2019, à plus long terme, les 10% les plus riches ont vu leur niveau de vie annuel moyen augmenter de 9 100 euros. Un chiffre près de trois plus élevé que pour les classes moyennes. Quant aux 500 plus grandes fortunes professionnelles, elles ont vu leur valeur multipliée par quatre en dix ans.
L'élection de Macron a profité aux plus aisés
Le rapport reprend également les résultats d'une étude réalisée par l'Institut des politiques publiques (IPP) pour décrypter l'impact du dernier quinquennat sur les ménages. Celle-ci montre que les réformes fiscales engagées ces cinq dernières années n'ont produit aucun bénéfice pour les 5% les plus pauvres. Au contraire, "plus vos revenus sont élevés, plus les politiques menées entre 2017 et 2022 les ont augmentés", analyse Anne Brunner, directrice d'études de l'Observatoire des inégalités, citée dans le rapport.
C'est que la transformation de l'impôt sur la fortune en un impôt sur la fortune immobilière, ou la réduction de l'imposition des revenus financiers n'ont bénéficié qu'aux "très très riches", d'après l'Observatoire des inégalités. Les mesures de protection sociale (hausse de la prime d'activité, du minimum vieillesse et de l'allocation adulte handicapé) ont été compensées par des baisses dans d'autres domaines (pensions de retraite, allocations logement, etc.).
Les grandes fortunes vivent souvent à Paris
Age, profession, lieu de vie... Le rapport dresse également un portrait-robot des 10% les plus aisés. Avec un âge moyen de 57 ans, ils sont sur-représentées parmi les cadres supérieurs, du privé et du public. Aussi, 30% des super-riches (les 1% les plus aisés) vivent à Paris ou dans les Hauts-de-Seine alors que ces deux départements abritent seulement 5% du reste de la population. Les riches privilégient également certains arrondissements de Lyon ou de Marseille, les villes à proximité de la Suisse ou les banlieues cossues de grandes villes comme Lille.
La France figure en bonne place en Europe
En France, les 1% les plus riches sont les personnes dont le niveau de vie mensuel, après impôts, dépasse 6 500 euros. Selon des données d'Eurostat, ce revenu place la France en quatrième position des pays européens où les riches sont les plus riches. Derrière la Suisse ou l'Allemagne, mais devant le Royaume-Uni, l'Italie ou la Suède. En Suède, par exemple, où le revenu médian est légèrement supérieur à celui de la France, le seuil pour appartenir aux 1% les plus aisés y est 25% inférieur.
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