Mobilier national : un rapport qui déménage !
La Cour des comptes dénonce traditionnellement tout ce qui fonctionne mal. Elle a notamment relevé des anomalies dans la gestion du Mobilier national : absentéisme massif, non respect du temps de travail… La Manufacture des Gobelins est notamment pointée du doigt.
Le nouveau rapport de la Cour des comptes est venu rejoindre la collection de L’Œil du 20 heures sur une étagère... Et il est très sévère envers ceux qui fabriquent les meubles de la République : le Mobilier national.
Ce rapport sort notamment de l’ombre les dysfonctionnements de la Manufacture des Gobelins à Paris : des ateliers nationaux qui conservent, restaurent et fabriquent les meubles des ministères et ambassades. 350 agents, 25 millions d’euros par an… Mais la Cour des comptes y voit “une institution à bout de souffle” et “des conditions de travail laxistes”.
Un agent cumule son poste avec une activité libérale
Un atelier, par exemple, crée des meubles contemporains. Aujourd’hui, moins de 4 objets en sortent chaque année ; c’était 5 fois plus il y a 20 ans. La faute à une baisse des commandes, mais aussi peut-être à certains agents trop occupés ailleurs… Les techniciens d’art par exemple, payés en moyenne 2900 euros par mois. La Cour des comptes révèle que l’un d’eux cumule son poste avec une activité libérale dans le domaine de la santé. Cela dure depuis 9 ans, et selon les Pages Jaunes, il pratique du lundi au samedi, de 9 heures à 21 heures 30. Comme un patient lambda, nous avons pris rendez-vous : au téléphone, l’homme nous propose une consultation à 15 heures, en semaine.
Une plaque professionnelle à l’extérieur de son cabinet : l’homme a pignon sur rue. Filmé en caméra discrète, il assure ne pas consulter pendant son temps de travail au Mobilier national. “Les périodes où je peux consulter normalement, c’est essentiellement deux samedis par mois. Donc c’est complètement en dehors des heures de travail.” Quand on lui fait remarquer qu’il nous reçoit en pleine semaine, il ajoute : “C’est un peu exceptionnel, je suis venu spécialement.”
Un retraité accaparait les machines pour réaliser des cuisines
Malgré une sanction disciplinaire en 2015, la Cour des comptes souligne que cet agent a continué sa double activité, sans y être autorisé. Employé depuis peu à 90% de son temps de travail, il reste un cas embarrassant pour le nouveau directeur du Mobilier national. “C’est un problème qui est en cours de règlement par la voie d’une sanction,” déclare Hervé Lemoine. “La personne devra définitivement choisir. Je trouve qu’on ne peut pas jeter le discrédit sur une institution, sur 349 personnes, au prétexte qu’une d’elles aurait une activité qui ne serait pas conforme.”
Mais la Cour des comptes relève d’autres dérives, comme l’usage de machines, à titre personnel : “il a fallu interdire à un agent menuisier, pourtant retraité, de continuer à accaparer l’ensemble du parc machine pour réaliser des cuisines en aggloméré”.
La nouvelle direction assure que les dérapages individuels ne seront plus tolérés. Elle rappelle aussi que le Mobilier national, conservatoire de savoir-faire précieux, est une vitrine de l’industrie des arts décoratifs. Une vitrine que la Cour des comptes appelle à dépoussiérer.
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