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Vidéo Pourquoi les garagistes ne jouent pas le jeu des pièces d'occasion

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Temps de lecture : 5min - vidéo : 4min
Oeil du 20h - 02/07/2018
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Article rédigé par L'Oeil du 20 heures
France Télévisions

Hier, nous avons eu… un petit accrochage. Bilan : aile avant gauche bien erraflée. Voilà qui va coûter cher. Heureusement, la loi incite les garagistes à proposer des pièces détachées d’occasion, pour alléger la note. Mais jouent-ils vraiment le jeu ?

Depuis le 1er janvier 2017, si vous avez besoin d’une pièce détachée chez votre garagiste, vous êtes censé avoir le choix : une pièce neuve ou une pièce d’occasion. Le ministère de l’Écologie a même édité une affiche, qui liste les types de pièces concernées : carrosserie, portière intérieure, phares et autres rétroviseurs...  offrant des économies jusquà 50% comparé au prix des pièces neuves.

En caméra discrète, nous apportons notre voiture endommagée dans huit garages parisiens, à la recherche d’une aile avant gauche d’occasion. Résultat ? Tous ont une bonne excuse.

Aucune pièce d'occasion proposée... mais beaucoup de bonnes excuses !

Dans un premier garage, c’est le modèle de la voiture qui ne va pas. “Vous avez une des dernières 308, on n’a pas encore de pièces réadaptables dessus.” Dans un autre, les pièces d’occasion ont un problème technique. “Parce qu’elles sont déjà peintes, faut redécaper, faut repréparer…” Chez un troisième, même moins coûteuse, la pièce d’occasion ne serait pas à notre avantage... “Là vous allez gagner 40 euros, et vous aurez une pièce d’occasion, au niveau du traitement anticorrosion c’est pas…” Et pour ce dernier, notre aile avant gauche "est introuvable !”

Alors, introuvable, vraiment, cette aile d’occasion ? A l’Oeil du 20h, nous ne sommes pas des spécialistes, mais en seulement quelques clics nous l’avons dénichée, sur le site d'une casse auto. Et l’affiche du ministère, qui informe les clients qu’ils peuvent demander une pièce d’occasion ? Nous ne l’avons vue nulle part... ou plutôt une seule fois; bien cachée derrière le bureau de l'un de nos garages tests.

Les gros concessionnaires pointés du doigt

Alors pourquoi ces garagistes ne proposent-ils pas de pièces d’occasion ? Dans une casse des Yvelines agréée par la préfecture, nous rencontrons Thierry de Résende, garagiste indépendant. Parmi les professionnels que nous avons rencontrés, il est le seul à trouver pour ses clients des pièces d’occasion. Même si, c’est vrai, c’est du travail en plus. “Il faut appeler plusieurs fournisseurs, plusieurs casseurs, faire le tour, une dizaine de coups de fil, énumère-t-il. Mais prendre 15-20 mn, ou même une heure pour chercher une pièce, on le ferait pour nous, pourquoi pas pour un client ?”

Pour le propriétaire de la casse, ce sont avant tout les gros concessionnaires, représentants de marques, qui ne jouent pas le jeu. “Ils ont un chiffre d’affaires à réaliser, ils ont des ventes de pièces de l'usine à faire, c’est ce qui passe en priorité pour eux, dénonce Claude Bernard-Debord, patron de la casse auto RN 12 à Bazainville (Yvelines). Je n’ai jamais eu à ce jour un appel d’un concessionnaire pour une pièce de réemploi. Maintenant ça viendra peut-être quand la loi sera vraiment appliquée…”

Un décret pas franchement contraignant pour les garagistes...

Il faut dire que cette loi n’est pas franchement contraignante... Il y est écrit que tout garagiste “permet au consommateur d’opter pour l’utilisation de pièces de rechange (...) à la place de pièces neuves.” “Permet d’opter” : bref, aucune obligation pour les garagistes de proposer des pièces d’occasion.

Si ce décret est aussi peu restrictif, c’est peut-être grâce à Philippe Debouzy, représentant du Conseil national des professions de l'automobile (CNPA), principal lobby des garagistes. Son objectif en 2015, quand la loi a été discutée : atténuer son impact pour sa profession.

“Nous sommes dans une démarche où on dit simplement “ne contraignez pas, ne rendez pas obligatoire le montage de ces pièces d'occasion”, explique-t-il. Et au bout d’un moment l'administration a écouté ce qu’on leur a dit... On savait que ça ne pouvait pas fonctionner.”

Résultat ? Un an et demi après l'entrée en vigueur de la loi, le gouvernement se demande toujours comment faire appliquer cette loi ! Aux dernières nouvelles, les arrêtés d’application en sont déjà à leur douzième version…Bref, la route est encore longue.

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