Mouvement des transporteurs routiers : "Le surcoût en carburant" représente "la marge que nous faisons sur nos véhicules"
Une journée de blocage est organisée par les routiers contre l'augmentation de la taxe sur le gazole. La présidente de l'Organisation des transporteurs routiers européens (OTRE) dénonce une augmentation "de 800 euros" par an et véhicule.
Aline Mesples, présidente de l'Organisation des transporteurs routiers européens (OTRE), qui organise la journée de blocage des routiers contre l'augmentation de la taxe sur le gazole samedi 7 décembre, dénonce une mesure "inacceptable". "Par an et par camion, c'est 800 euros", et avec les augmentations précédentes "on est à un surcoût de carburant de 2 400 euros par an et par véhicule, ce qui est souvent la marge que nous faisons sur nos véhicules", explique-t-elle sur franceinfo.
Dans votre contestation, il y a à la fois le prix du carburant et le financement des infrastructures utilisées par les camions étrangers.
Le carburant c'est le deuxième poste de charges de nos entreprises. Donc, dès lors que l'on augmente le prix des carburants en France, on nous met en situation de concurrence déloyale vis-à-vis des transporteurs étrangers. Deuxième sujet, les étrangers représentent 35% de la circulation en France et ils n'apportent rien au financement des infrastructures. Pendant deux ans et demi, Élisabeth Borne [la ministre de la Transition écologique, en charge des Transports] nous a dit qu'elle allait taxer les camions qui traversent la France sans rien payer. On s'aperçoit qu'elle fait exactement le contraire et une fois de plus fait supporter tout le poids de la taxe sur le transport routier français.
Deux centimes du litre, ça représente quoi pour les entreprises comme les vôtres ?
Par an et par camion, c'est 800 euros, mais qui s'ajoutent aux 4 centimes que nous avions déjà subis en 2015. À l'heure actuelle, on est à un surcoût de carburant de 2 400 euros par an et par véhicule, ce qui est souvent la marge que nous faisons sur nos véhicules. Ce n'est plus possible que ça continue comme ça. Surtout que l'on sent bien qu'il y a la volonté à terme de mettre fin au gazole professionnel (…) C'est inacceptable : c'est 2 centimes cette année, 2 centimes l'année prochaine, et pourquoi pas 3 centimes l'année d'après ? Ce n'est pas acceptable pour les entreprises, et plus particulièrement pour les plus petites que je représente.
Le gouvernement présente cette mesure comme étant écologique. Que lui répondez-vous ?
Nous on n'a pas d'alternative. La seule possible, c'est celle du gaz qui se met péniblement en place. On manque de véhicules à l'achat, on manque de stations gaz sur tout le territoire pour faire le plein. Et puis ce n'est pas en taxant les transporteurs français que l'on va diminuer la pollution. Les transporteurs français sont les plus vertueux en Europe, parce qu'on respecte les normes et que l'on a tous des véhicules Euro 6 qui sont les meilleurs en termes d'écologie. Ce n'est pas le transporteur qui décide de mettre des marchandises dans son métier, il y a un chargeur. Les chargeurs à l'heure actuelle, ce sont la grande distribution, c'est l'industrie, c'est l'agroalimentaire, et c'est surtout le e-commerce qui met énormément de colis dans les camions. C'est à eux de privilégier des transports plus vertueux, et donc doivent être taxés. C'était le sens de l'une de nos propositions en amont des travaux de l'Assemblée nationale, et qui a été retoquée par le gouvernement actuel.
Vous proposez une alternative au gouvernement, une éco-contribution ?
Une éco-contribution, c'est l'idée que lorsque le chargeur décide de mettre des colis dans un camion, plutôt que de choisir le trafic fluvial ou maritime ou le fret ferroviaire, il y a un coût. Ce devrait être lui qui supporte ce coût. Ca permettrait de financer les infrastructures et de taxer des marchandises quand elles sont transportées par des étrangers. Enfin, ça permettrait d'avoir du financement pour faire la transition énergétique que tout le monde appelle de ses vœux. Mais si les transporteurs paient plus cher le carburant actuel, ils ne pourront pas investir dans le carburant de demain.
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