Pollution : qui sont les gagnants et les perdants de la piétonnisation des voies sur berges à Paris ?
Airparif a publié son rapport définitif sur l'évolution des niveaux de pollution après la fermeture à la circulation de la voie Georges-Pompidou. Les résultats sont très contrastés.
Le sujet agite l'Ile-de-France depuis plus d'un an. En septembre 2016, la Mairie de Paris a décidé de fermer à la circulation les 3,5 kilomètres de la voie sur berge Georges-Pompidou, dans le centre de la capitale. Avec quels effets sur la pollution ? Mardi 10 octobre, Airparif, l’organisme indépendant chargé de surveiller la qualité de l’air en Ile-de-France, a publié le rapport définitif de sa campagne de suivi du projet. Franceinfo fait le bilan.
Les gagnants : les piétons et les cyclistes des voies fermées à la circulation
Bonne nouvelle pour les piétons et les cyclistes qui empruntent les quais bas, désormais interdits à la voiture entre l'entrée du tunnel des Tuileries (1er arrondissement) et la sortie du tunnel Henri-IV (4e). Dans cette zone, les niveaux de dioxyde d'azote (NO2), un gaz particulièrement toxique, ont connu une baisse allant jusqu'à 25%.
Contrairement à ce que pouvaient avancer les détracteurs du projet, l'augmentation de la circulation sur les quais hauts n'a donc pas empêché cette amélioration notable de la qualité de l'air en contrebas. Une légère amélioration de la qualité de l'air est aussi observée sur les Champs-Elysées et la rue de Rennes (6ᵉ arrondissement) depuis la fermeture des voies sur berges.
Les perdants : les utilisateurs des itinéraires de report de l'est parisien
La fermeture des voies sur berges ne fait pas que des heureux, loin de là. Première conséquence immédiate : les sorties de zones piétonnes, dans l'est parisien, voient leur niveau de pollution grimper de 15%. Sur le quai Henri-IV, la pollution a ainsi augmenté de 5 à 10%, selon le rapport. Une légère hausse des niveaux de NO2 a aussi été mesurée aux carrefours situés sur les quais hauts et sur les itinéraires de report, comme le boulevard Saint-Germain. Dans ces zones, les niveaux de particules fines se sont accrus de 1% à 5%.
Globalement, les niveaux de dioxyde d’azote sont plus élevés le long de la portion fermée qu’en amont. Mais la piétonnisation des voies sur berges pourrait aussi avoir un impact négatif à plus grande échelle. De faibles écarts des niveaux de dioxyde d’azote, de +1% à +5%, ont été observés sur quelques grands axes routiers comme l'A86, l'A13 et les premiers kilomètres de l'A4.
Prudence, tout de même : l'ensemble des variations de pollution observées le long du trafic ne peuvent être attribuées à la fermeture des berges de la Seine, notamment les augmentations constatées sur l’A3 ou l’A4, au-delà de Villiers-sur-Marne (Val-de-Marne).
Le bilan : pas d'impact significatif sur les niveaux de pollution à Paris
Un an après la fermeture à la circulation des voies sur berges, le bilan est simple, selon Airparif : aucun impact significatif sur l’exposition des populations n’a été mis en évidence à la hausse ou à la baisse. Les évolutions constatées ne touchent pas la pollution de fond et restent limitées aux abords des axes routiers concernés.
Sauf qu'à partir de ce constat, les interprétations sont très différentes. "On est très loin de la situation que prédisaient les opposants, se réjouit Christophe Najdovski, maire adjoint de Paris chargé des transports, au micro de franceinfo. Le trafic a diminué dans le centre de Paris puisqu'en cumulé, on a une diminution, avec une amélioration globale le long des quais, avec -25% de dioxyde d'azote."
A l'inverse, pour Othman Nasrou, président du groupe LR au conseil régional d’Ile-de-France, "c'est la double peine", juge-t-il dans Le Monde. "On constate ce que l’on craignait : plus de pollution et plus de bouchons." Le rapport d'Airparif ne devrait pas faire bouger les positions bien campées des élus chargés du dossier.
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