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Augmentation de la taxe sur le diesel : est-ce que ça vaut toujours le coup de rouler au gazole ?

Avec la nouvelle hausse décidée mercredi par le gouvernement, l'écart de prix avec l'essence se réduit à la pompe. De quoi faire réfléchir les automobilistes face aux avantages supposés des véhicules diesel.

Article rédigé par Clément Parrot
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 7min
Un automobiliste met du gazole dans sa voiture, le 25 janvier 2012 à Pont-l'Abbé (Finistère). (FRED TANNEAU / AFP)

Coup de pompe pour ceux qui roulent au diesel. Le gouvernement a décidé, mercredi 1er octobre, d'augmenter de 2 centimes d'euro par litre la TICPE (taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques) sur le diesel. Décidée dans le cadre du budget 2015, cette mesure, qui devrait rapporter quelque 800 millions d'euros à l'Etat, a un objectif clair : compenser le manque à gagner provoqué par l'abandon de l'écotaxe. N'en déplaise à la ministre de l'Ecologie, Ségolène Royal, opposée à l'écologie punitive, au 1er janvier prochain, les conducteurs d'automobile diesel débourseront, en moyenne, 1,20 euro de plus (TVA incluse) pour un plein de 50 litres, selon Les Echos.

Au 1er avril, la fiscalité du diesel va continuer de flamber avec une nouvelle augmentation de 2,4 centimes par litre (contre 2 centimes par litre pour l'essence) dans le cadre de la montée en puissance de la taxe carbone. Conséquence : l'écart de prix entre l'essence et le gazole se réduit. Si vous êtes sur le point d'acheter une voiture, et que vous hésitez encore, francetv info vous explique pourquoi vous feriez mieux de bien réfléchir avant de rouler au diesel.

Non, les prix à la pompe vont se resserrer

En deux temps, les taxes sur le gazole vont donc augmenter de 4,4 centimes d'euro en 2015, contre 2 centimes pour l'essence. L'objectif reste de progressivement rapprocher les fiscalités des deux carburants, dont l'écart de taxation demeure pour l'instant d'environ 17 centimes par litre. "Depuis un moment, l'Europe nous demande de rééquilibrer notre fiscalité qui est absurde, puisque sans les taxes, le gazole reste un carburant plus onéreux", note Thomas Porcher, docteur en économie à l'université Paris I et professeur en marché des matières premières à l'ESG-Management School économiste. En plus de l'Union européenne, l'OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques) s'est également élevée contre la fiscalité allégée du diesel, préjudiciable à l'environnement et la santé, dans un communiqué publié le 30 septembre.

Même sans ces augmentations à venir, les écarts de prix entre les carburants se sont déjà atténués au fil des années (voir graphique ci-dessous). En valeur, le gazole coûtait 25 centimes d'euro de moins que le Sans plomb 95, en 1995. L'écart oscille aujourd'hui autour de 20 centimes et le diesel s'est même déjà retrouvé au prix de l'essence, comme en 2008. Mais pour apprécier la diminution de la différence de coût entre les deux carburants, c'est en pourcentage qu'il faut raisonner. En 1995, l'écart de prix était de 42% entre les deux carburants, il est descendu à 15% en septembre 2014.

Non, l'entretien et le coût à l'achat restent importants

A l'achat, les véhicules diesel coûtent, en moyenne, un peu plus cher. Par exemple, pour une Renault Clio IV (une des voitures les plus vendues au début de l'année 2014, selon La Tribune), le surcoût est de 1 000 à 2 000 euros par rapport à l'essence en fonction du modèle. L'écart de prix à l'achat varie même de 5 à 20% en fonction de la taille et de la marque du véhicule, affirme L'Express.

L'entretien d'un moteur diesel est également plus onéreux. Selon l'association de défense des automobilistes l'Automobile Club, joint par francetv info, ceux qui roulent au gazole consacrent 20% de leur budget auto à l'entretien de leur véhicule, contre 12% pour les propriétaires d'une essence. En cause : des vidanges plus régulières, un moteur qui réclame une huile de meilleure qualité et des réparations parfois très onéreuses notamment en raison des normes antipollution (les filtres à particules ont tendance à s'encrasser). Sans compter le prix de l'assurance, qui sera un peu plus élevé pour un véhicule diesel.

Oui, si vous parcourez beaucoup de kilomètres

Ces surcoûts sont normalement compensés par des prix plus avantageux à la pompe, une consommation moindre par rapport à une voiture essence et une durée de vie supérieure du moteur. Mais pour rentabiliser rapidement un véhicule diesel, mieux vaut être un conducteur régulier et rouler, en moyenne, plus de 20 000 km par an. L'Automobile Club prend l'exemple d'une Renault Clio zen energy : "A kilométrage égal (8 900 km par an), le budget du modèle diesel est supérieur de 4,10% par rapport à la version essence. En revanche, au-delà de 17 885 km, c'est la Clio diesel qui devient plus économique." Mais pour l'économiste Thomas Porcher, les avantages du diesel tendent à se réduire car il faut rouler "en moyenne entre 120 et 130 000 km" avant de le rentabiliser.

Mieux vaut donc sortir sa calculette avant d'acheter sa voiture. Non seulement les prix à la pompe se rapprochent, mais les moteurs essence consomment de moins en moins à mesure que leurs performances s'améliorent. Plusieurs sites (ici ou ici) proposent d'ailleurs des comparateurs permettant de se faire une idée précise avant tout achat précipité. Résultat : mieux vaut choisir une version essence pour une citadine, alors que pour les monospaces, le diesel reste largement avantageux. Concernant les berlines de taille moyenne, la compétition est ouverte.

Non, car le diesel est condamné

"Selon des bruits de couloir, il semble qu'il y ait une volonté délibérée de supprimer le diesel à l'horizon 2020, au moins dans les villes", affirme Simon Midal, de l'Automobile Club. Et face à l'augmentation de la taxation du diesel, l'association "redoute une fois de plus des mesures trop pénalisantes et non-cohérentes pour l’automobiliste", soulignant au passage que ce carburant concerne 60% du parc automobile français et 70% des nouvelles immatriculations cette année.

Mais pour Thomas Porcher, la décision est logique : "C'était difficile à faire dans les années 1990 au regard des investissements effectués par la France pour développer le diesel. Mais maintenant qu'ils sont amortis, il paraît logique de rééquilibrer la fiscalité." L'économiste préconise pour cela une augmentation de la taxation du diesel de 2 centimes par an sur les huit prochaines années afin de changer les comportements d'achat. "Arrivé à 5 centimes d'écart à la pompe, le diesel ne sera plus intéressant pour les consommateurs", estime-t-il. En d'autres termes, la mort programmée du diesel.

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