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Conférence de presse de Carlos Ghosn : "Le lion est sorti de sa cage", estime un avocat des barreaux de Paris et Tokyo

En fin connaisseur de la justice japonaise, maître Lionel Vincent est revenu sur la conférence de presse tenue mercredi au Liban par l'ancien patron de Renault-Nissan.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Carlos Ghosn, lors de sa conférence de presse à Beyrouth (Liban), le 8 janvier 2020.  (JOSEPH EID / AFP)

"Ce qui est assez intéressant, avec cette conférence qui est très préparée, c'est son appel à la justice, le lion est sorti de sa cage", a commenté, ce mercredi sur franceinfo, maître Lionel Vincent, avocat aux barreaux de Paris et de Tokyo, après la conférence de presse de Carlos Ghosn, tenue au Liban où il a fui le Japon. L'ex-patron de Renault-Nissan, a dénoncé "un coup monté" et veut "laver son honneur".

"Il ne cherche pas du tout à fuir, il demande une tribune. On le voit faire son propre avocat, il a fait sa démonstration, pour apporter ses propres arguments. Il aimerait qu'on puisse lui apporter une contradiction", a estimé Lionel Vincent.

"Laver son honneur, c'est subir la contradiction"

"La vraie question qu'on va se poser, où va-t-il pouvoir se défendre réellement ?" Pour "laver son honneur, il ne suffit pas de faire une déclaration devant la presse. Laver son honneur, c'est subir la contradiction selon des règles établies et pouvoir attendre un jugement qui puisse définitivement considérer qu'il n'était pas coupable des faits qui lui sont reprochés", a poursuivi l'avocat.

"Son argumentation n'est pas de dire, qu'il craint ses accusateurs", mais "il dit, 'donnez-moi les moyens de répondre aux accusations qui sont portées contre moi, donnez-moi la parole'. Jusqu'à présent, ça a été un déni de paroles, il n'a pas eu l'occasion de pouvoir parler. Lorsqu'il était sorti de prison, il avait décidé de prendre la parole à Tokyo et tout de suite on l'avait remis en prison".

Un procès aurait été "technique" et "très long"

"Mes avocats m'ont prévenu que je pourrais attendre jusqu'à 5 ans avant d'être jugé", a déclaré Carlos Ghosn lors de cette conférence de presse. "Le temps judiciaire est assez long (…) en matière pénale c'est un dossier complexe, où les enjeux sont lourds, il y a eu aussi des vices de procédure et les avocats de Carlos Ghosn avaient décidé d'attaquer la procédure pour demander son annulation, on allait forcément vers quelque chose de technique, de très long. L'évocation de cinq ans c'était dans la mesure où on allait jusqu'à la cour d'appel. Mais après si on allait jusqu'à la Cour suprême, c'est beaucoup plus long, on peut aller jusqu'à 10 ans, donc effectivement c'était quelque chose qui était assez intenable", a détaillé maître Lionel Vincent.

"La justice japonaise évoquait que son procès serait reporté en 2021 et peut-être plus tard, personne n'est dupe, on sait que 2020 c'est une grande année pour le Japon avec les Jeux olympiques et le Japon n'avait pas envie de faire l'ombre aux JO avec un procès qui aurait été forcément retentissant et qui aurait jeté un éclairage sur le Japon et dont le pays ne souhaitait pas, certainement pas en 2020", a conclu l'avocat.

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