Ventes de Rafale aux Emirats arabes unis : "Ces avions ont une vocation de lutte contre le terrorisme", affirme un porte-parole du ministère des Armées
Les Emirats arabes unis ont signé un contrat pour l'achat de 80 avions de combat Rafale à la France, a annoncé vendredi l'Elysée.
"Il est bien clair que ces avions ont une vocation de lutte contre le terrorisme", affirme vendredi 3 décembre sur franceinfo Hervé Grandjean, porte-parole du ministère des Armées, après la signature d'un contrat de 17 milliards d’euros entre les Emirats arabes et la France pour l'achat de 80 avions de combat Rafale au groupe Dassault et 12 hélicoptères Caracal.
franceinfo : Cette commande récompense-t-elle l'excellence française comme le dit Florence Parly ?
Hervé Grandjean : C'est exactement ça, c'est un succès collectif de l'équipe de France, de la partie diplomatique, politique, militaire et industrielle. On a peut-être le meilleur avion avec le Rafale. C'est le 6e pays qui se dote de l'avion Rafale à l'exportation.
Est-ce que les négociations ont été longues ?
C'est une discussion stratégique qui a lieu depuis longtemps avec les Emirats et qui s'est beaucoup accélérée depuis un peu plus d'un an. Florence Parly s'est rendue cinq fois aux Emirats arabes unis pour rencontrer son homologue Mohamed ben Zayed Al Nahyan, le prince héritier. Cela permet aujourd'hui d'arriver à la signature de ce qui est le plus gros contrat de l'histoire en matière d'armement.
Qu'est-ce qui entre en compte pour la signature d'un tel contrat ?
Il y a d'abord un partenariat très dense entre la France et les Emirats arabes unis. Nous avons en ce moment-même plus de 700 militaires français qui y sont stationnés. Nous avons une base navale depuis laquelle nous pouvons rayonner dans l'océan indien.
"Ce contrat c'est aussi une partie de notre stratégie Indopacifique."
Hervé Grandjean, porte-parole du ministère des Arméesà franceinfo
Nous avons une base aérienne aux Emirats arabes unis depuis laquelle nous faisons décoller les avions Rafale français qui vont lutter contre Daech en Irak et en Syrie. Nous avons aussi un régiment de l'armée de terre.
Ensuite, il y a un produit, un avion haut niveau, une sorte de couteau suisse. Il fait à la fois du combat aérien, du bombardement, du renseignement, du ravitaillement en vol. Beaucoup d'avions dans le monde sont spécialisés sur un seul segment.
Quel est l'intérêt pour la France, en dehors du côté financier ?
Le fait que les Emirats arabes unis soient dotés du même appareil que nous c'est un gage d'inter opérabilité, c'est-à-dire qu'on peut travailler mieux et plus ensemble en matière d'exercice militaire. Il y a très régulièrement des exercices entre nos armées de l'air.
L'intérêt pour la France c'est aussi de donner une pérennité à notre industrie de défense. Cette chaîne industrielle ne peut pas fonctionner avec les seules commandes nationales donc il y a besoin d'avoir des succès à l'exportation. Avec une vente comme celle-là c'est la pérennité des chaînes de Dassault, de Thales et de Safran qui est assurée au-delà de 2030.
C'est un besoin de vendre des armes parce que cela accompagne des partenariats stratégiques et militaires et cela nous permet de pouvoir nous doter de sous-marins, d'avions de combat, de chars qu'on ne pourrait pas acquérir sans cela.
Certains opposants pointent du doigt les Emirats comme l'Arabie saoudite qui ont été à la manœuvre dans la guerre au Yémen. Que répondez-vous ?
Le conflit au Yémen a été condamné avec la plus grande fermeté par les autorités françaises et doit cesser aussi vite que possible. La situation humanitaire au Yémen est absolument terrible.
"Il faut garder en tête que les Emirats arabes unis sont un partenaire de lutte contre le terrorisme."
Hervé Grandjean, porte-parole du ministère des Arméesà franceinfo
Qui luttent concrètement contre Al-Qaïda dans la péninsule arabique (Aqpa), responsables des attentats de Charlie ? Ce sont les Emirats arabes unis et l'Arabie saoudite. Donc nous assumons totalement le fait d'avoir un partenariat militaire.
Savez-vous à quoi va servir cet arsenal ?
Quand nous attribuons des licences d'armement il y a un examen extrêmement minutieux, millimétré, de ce à quoi pourrait servir cet armement. S'il y a un doute, la licence n'est pas accordée. C'est à l'issue de réflexion, d'études extrêmement précises avec le ministère des Affaires étrangères, de l'Économie et des Armées que le Premier ministre prend la décision d'attribuer une licence. Là, il est bien clair que ces avions ont une vocation de lutte contre le terrorisme.
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