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Privatisation d'ADP : pour LR, Benjamin Griveaux "se prend les pieds dans le tapis", "cela signe la détresse du gouvernement"

Arnaud Viala, député Les Républicains, a réagi sur franceinfo, ce mardi, après le rétropédalage du porte-parole du gouvernement concernant le désengagement de l'Etat au capital d'ADP.

Article rédigé par franceinfo
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Une pancarte du terminal 2F avec la liste des compagnies aériennes. (BAPTISTE SCHWEITZER / FRANCE-INFO)

"Le porte-parole du gouvernement se prend les pieds dans le tapis", a commenté mardi 12 mars, sur franceinfo, Arnaud Viala, député Les Républicains (LR) de l’Aveyron, membre de la commission des lois, après le rétropédalage de Benjamin Griveaux sur ADP [ex-Aéroports de Paris]. Mardi matin, il avait annoncé sur France Inter que l'Etat conserverait "à peu près 20%" du groupe ADP, avant de se dédire sur Twitter : "Aucune décision n’a été prise sur le maintien ou non de l’État au capital".

Pour le député LR, si le gouvernement veut "vendre les bijoux de famille", c'est "pour financer des mesures décidées en décembre vis-à-vis du mouvement des 'gilets jaunes'" , explique t-il. "C'est en cela que je trouve cette mesure absolument contestable" a t-il ajouté sur franceinfo.

franceinfo : Que pensez-vous de ce recul du porte-parole du gouvernement sur la participation de l'Etat au groupe ADP ?

Arnaud Viala : Je pense que cela signe la détresse du gouvernement sur ce sujet qui est majeur et qui occulte des aspects de la discussion sur la loi Pacte, portée par le ministre de l'Economie et des Finances Bruno Le Maire, en deuxième lecture. Il occupe le devant de la scène et il devient un sujet politique au plus haut niveau de l'Etat. Le porte-parole du gouvernement se prend les pieds dans le tapis. Les  remontrances que nous avons faites face à cette décision de la loi Pacte, la semaine dernière en commission, propagent des hésitations au plus haut niveau de l'exécutif.

Pourquoi parlez-vous de détresse du gouvernement ?

D'abord, ce sujet n'a rien à faire dans une loi sur la modernisation de l'économie. La seule raison pour laquelle il s'y trouve, c'est qu'il faut trouver des crédits pour financer des mesures, notamment des mesures décidées en décembre vis-à-vis du mouvement des "gilets jaunes", qui ne sont pas financées. On décide de vendre les bijoux de famille. Or, en termes de stratégie pour un pays comme la France, se séparer des plus gros aéroports nationaux qui sont, de surcroît, dans la capitale, au profit d'un privé qui va ensuite avoir la mainmise complète sur la gestion des aéroports mais aussi de leur développement sur les questions foncières d'extension des terminaux, c'est absolument dramatique. On ne peut pas le faire comme ça. Derrière cette concession, il y a des questions qui se posent sur l'aménagement du territoire national.

D'après vous, c'est uniquement pour financer les mesures accordées aux "gilets jaunes" que le gouvernement veut vendre ADP ?

La raison ne peut être que budgétaire et financière. Je n'en vois aucune autre. D'ailleurs, le ministre [Bruno] Le Maire, que nous avons interrogé, n'a donné aucune forme d'explication que celle-ci et c'est en cela que je trouve cette mesure absolument contestable. Le gouvernement, j'en suis certain, ira au bout de cette affaire. Il est passé comme un rouleau compresseur sur la commission des lois la semaine dernière, il en fera de même dans l'hémicycle, je n'ai aucun doute sur cette question. En revanche, les atermoiements du porte-parole ce matin démontrent, peut-être, qu'on commence à se demander si les raisons qui conduisent à cette décision sont les bonnes. Il serait bon qu'à la fin de l'examen, à la fin de cette semaine, la réflexion progresse.

Si l'Etat garde 20% de participation d'ADP, cela vous convient ou pas ?

Avec 20%, l'Etat ne sera pas majoritaire. Il va conserver un petit mot à dire dans la gestion de la future structure mais il perd la main sur les orientations stratégiques et sur les décisions de gestion. Est-ce bien raisonnable aujourd'hui de faire un choix de cette nature ? On est quand même dans un grand débat sur l'Europe, sur la sécurité, on a subi des attaques. Un aéroport, c'est une zone de perméabilité. On nous a dit, la semaine dernière en commission, qu'il fallait distinguer la frontière et l'aéroport. Je veux bien sur le papier. Dans la réalité, la société qui gère les aéroports internationaux, avec les flux de passagers et des marchandises, est aux prises avec des questions de sécurité.

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