Arnaud Danjean, député européen : la rupture du contrat Caracal par la Pologne "n'est pas totalement une surprise"
Le député européen Les Républicains Arnaud Danjean, membre de la sous-commission de la défense au parlement européen, a commenté sur franceinfo le revirement polonais au sujet de la commande d'hélicoptères Caracal. "On avait beaucoup de signes qui montraient que l'orientation de ce gouvernement pouvait remettre en cause de tels accords" a-t-il expliqué.
La brouille est réelle entre la Pologne et la France. Varsovie a finalement fait le choix des hélicoptères américains au détriment des hélicoptères Caracal du groupe Airbus. Une décision qui pourrait avoir des conséquences en matière d'emploi en France. Cette rupture unilatérale du contrat a poussé François Hollande à reporter son voyage à Varsovie prévue dans deux jours. Pour le député européen Arnaud Danjean, membre de la sous-commission de la défense au Parlement européen, le revirement polonais "n'est pas totalement une surprise".
franceinfo : Le choix américain était-il prévisible ?
Arnaud Danjean : Ce n'est pas totalement une surprise parce que l'on avait beaucoup de signes qui montraient que l'orientation de ce gouvernement pouvait remettre en cause de tels accords. La décision est politique. Elle tient à une orientation stratégique plus forte. La Pologne, depuis 10 ans, avait beaucoup évolué dans sa politique de défense et se rapprochait de l'Europe. Les gouvernements successifs misaient toujours beaucoup plus sur l'Otan que sur l'Union européenne mais depuis quelques années les lignes bougeaient un peu. Malheureusement, le nouveau gouvernement polonais reprend une ligne beaucoup plus traditionnelle, à mettre tous ses œufs dans le panier de l'Otan et délaisser une dimension européenne d'une politique de défense.
Quelle était la ligne des gouvernements précédents ?
L'armée polonaise se modernise. Elle a des contrats considérables à signer pour les années à venir. Elle avait choisi Airbus pour les hélicoptères et les Américains et leurs missiles Patriot pour sa défense anti-aériennes au détriment du consortium européen français MBDA et Thalès. Tout le monde voyait une lecture assez équilibrée. (…) Le nouveau gouvernement de droite populiste a balayé cette option d'équilibre. (...) La Pologne a pris ses distances avec l'initiative franco-allemande pour relancer la défense européenne alors que, précédemment, on essayait d'associer systématiquement Varsovie à cette relance. Il y avait un triangle de Weimar, Paris-Berlin-Varsovie, que l'on essayait de revitaliser depuis des années. On voit que ces efforts se heurtent à une nouvelle orientation à Varsovie.
Est-ce que cela met en danger la relance de la défense européenne ?
Cela la fragilise. L'Europe de la défense, elle ne se porte pas forcément très bien. Il ne fallait pas se faire d'énormes illusions. Les efforts assez louables sont faits actuellement par la France et par l'Allemagne, en particulier par l'Allemagne qui semble beaucoup plus volontariste pour relancer cette politique européenne. Malheureusement, elle est effectivement contrariée par l'attitude polonaise qui semble très rétive par rapport à cela.
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