Quatre choses vues au championnat de France d'avions en papier
Des concurrents de toute la France ont tenté de faire décoller leurs créations le plus loin et le plus longtemps possible, samedi, au musée Aeroscopia de Blagnac (Haute-Garonne).
Tiens, et si on en faisait un concours ? Une trentaine de concurrents se sont affrontés pour faire voler des avions en papier, samedi 4 avril, au musée Aeroscopia de Blagnac (Haute-Garonne), ouvert en janvier. Cette finale française du Red Bull Paper Wings a couronné Julien Dellaux, Mehdi Alami et Pierric Lauro, respectivement dans les épreuves de show acrobatique, de distance et de durée.
Les règles sont simples. Le papier A4, inférieur à 100 grammes, est fourni par l'organisation. Il n'est pas permis d'utiliser des ciseaux, de la colle ou du scotch... Et à 19 heures pétantes, les concurrents façonnent leurs avions avant les épreuves. Avant l'heure de vérité, certains réalisent même quelques tests, pas tous concluants...
Un nouveau record de France de distance
Il avait déjà frappé fort lors des qualifications : Mehdi Alami a remis ça en finale. Avec un lancer à 36,49 mètres, cet étudiant en sciences de gestion établit un nouveau record de France. Il a bien voulu montrer sa technique de pliage après la compétition, "mais il ne faut pas la répéter sur internet, je la tiens d'un ami belge". Sachez simplement qu'il plie le papier pour obtenir une fine fléchette, laquelle est propulsée à 50°.
Mehdi Alami aura fort à faire, début mai, lors de la finale mondiale à Salzbourg, siège du sponsor autrichien. Un Néo-Zélandais a réalisé le joli score de 59 mètres pendant les qualifications ! Il va falloir réviser. "Le plus important, c'est la symétrie. L'avion doit partir tout droit", confie l'étudiant en gestion. Une remarque d'autant plus importante que la piste est étroite, et que le hors piste est éliminatoire. L'essai ci-dessous, par exemple, n'a pas été mesuré :
Pas mal de techniques de pliage et d'improvisation
"C'est pas mal de chance, quand même", souffle un participant. Certains façonnent des poches d'air sous l'avion, afin d'améliorer la portance. D'autres équipent leur engin de winglets, ces petites ailettes verticales censées créer des tourbillons marginaux. "La majorité des experts s'accorde à dire que les ailes doivent rester plates", mentionne toutefois l'organisateur, sur son site.
Beaucoup tentent de concentrer le poids sur le nez de leur création, à l'image de Loïc, étudiant en commerce, qui commence par "plier sa feuille en croix plutôt qu'en deux". D'autres, enfin, optent pour la technique de la fléchette, en marquant méticuleusement les pliages avec les cartes rigides fournies par l'organisation.
Un peu plus tard, on demande conseil à l'ingénieur Georges Estibal, qui a travaillé sur Astérix, le premier satellite français en 1965 : "Les ailes doivent être arrondies, pour obtenir une poussée vers le haut, et assez larges." Bref, tout l'inverse de la technique utilisée par Mehdi Alami. Cette technique est réservée, peut-être, à l'épreuve de durée, remportée par Pierric Lauro, après 8 secondes et 73 centièmes dans les airs. Autant être honnête, la soirée s'est terminée avec peu de certitudes scientifiques.
Si vous voulez jouer à la maison, voici deux suggestions de pliage par l'organisateur. #avions pic.twitter.com/07sRwyVIGI
— fabien magnenou (@fmagnenou) 4 Avril 2015
"Po" des Télétubbies, au pied d'un Airbus
Cette finale s'est déroulée après un parcours de sept étapes qualificatives organisées dans des écoles françaises de commerce, de management, d'ingénierie ou à Polytechnique. Forcément, la soirée se déroule donc dans une ambiance potache et bon enfant. Les 200 curieux venus assister à la soirée ont ainsi eu le plaisir de croiser "Po", personnage des Télétubbies, au pied d'avions de chasse et d'un Airbus.
D'autres ont choisi de revêtir la tenue de la Panthère rose ou de "Poulpi". D'ailleurs, cette sympathique mascotte a bien failli représenter la France en finale mondiale dans l'épreuve de durée. Dommage, cela s'est joué à quelques dixièmes... La quasi-totalité des concurrents sont de jeunes hommes. Et — comment dire ? — ces quelques images ne plaident pas en faveur d'une rapide professionnalisation de la discipline !
Le genou en feu de "Captain Breizh"
Clou de la soirée, l'épreuve de show acrobatique, face à trois jurés. C'est la seule épreuve où les candidats peuvent préparer à l'avance plusieurs avions de toutes sortes. Dans sa boîte à chaussures, Captain Breizh a conservé jusqu'au bout son secret : un avion lesté d'un petit drapeau du Mexique. Pourquoi ? Parce que "j'en avais pas d'autre". Quand arrive son tour, il s'élance avec une grâce toute relative, mais avec un réel entrain.
Alors qu'il invite le public à "faire un tour à Lambé" sur un air du groupe Matmatah, sa glissade est un peu trop audacieuse eu égard au béton du hangar. Il finit son spectacle le collant déchiré. "J'aurais dû prendre mon short jaune, comme en qualifications", se lamente le concurrent à l'écart, en posant un pansement sur son genou gauche en sang.
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