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Où en est la recherche des extraterrestres ?

Article rédigé par Louis San
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4 min
Vue d'artiste fournie par le centre d'astrophysique de l'université de Harvard (Etats-Unis) des exoplanètes Kepler-62e et Kepler-62f, qui sont les planètes extrasolaires les plus similaires à la Terre découvertes jusqu'à maintenant. (AP / SIPA)

Les scientifiques découvrent de plus en plus de planètes en dehors de notre système solaire. Mais ils n'ont encore trouvé aucun signe de vie extraterrestre. Francetv info fait le bilan.

La découverte d’une planète véritablement jumelle de la Terre approche à grands pas. Les scientifiques ne cessent d’en dénicher de nouvelles, de plus en plus similaires à la nôtre. Elles représentent des chances inédites de découvrir des planètes habitables ou pouvant héberger la vie. En effet, la recherche d’exoplanètes, des planètes situées hors de notre système solaire, est étroitement liée à la recherche de formes de vie extraterrestre. Francetv info fait le bilan.

Toujours aucune preuve de vie extraterrestre

Les petits hommes verts, ce n’est pas pour tout de suite. Les chercheurs n’ont encore trouvé aucune preuve d’une vie extraterrestre. Pas une seule forme de vie intelligente, pas même une forme de vie microscopique, alors que "l'essentiel de la masse vivante sur Terre, ce sont des bactéries", soulignait en 2012, au micro de France Inter, Roland Lehoucq, astrophysicien au CEA de Saclay (Essonne) et professeur à l’Ecole polytechnique.

"Il y a d’ailleurs un gouffre très sérieux entre la vie bactérienne et la vie intelligente", observe pour francetv info Louis d'Hendecourt, astrochimiste, directeur de recherches au CNRS, qui a participé au livre De l’inerte au vivant, une enquête scientifique et philosophique (éd. La Ville brûle). Il rappelle que sur Terre, il a fallu attendre des milliards d’années d’évolution pour voir émerger une forme de vie évoluée. Le chercheur remarque ainsi que notre planète est née il y a 4,5 milliards d’années ; que la vie cellulaire y est apparue il y a environ 3,8 milliards d’années ; que la vie multicellulaire a émergé il y a 2,1 milliards d’années et que l’homo sapiens a vu le jour il y a 200 000 ans. Une manière de souligner que la vie telle que nous la connaissons n’est que très récente.

"Je pense que si des formes complexes d’organisation de la matière se sont mises en place sur d’autres planètes, elles ont dû produire des formes de vie très différentes d’une planète à l’autre. L’apparition d’une vie de type ‘animal’ avec possibilité de vie consciente est à mon avis un phénomène très rare", estime dans le livre De l’inerte au vivant Patrick Forterre, chef d’équipe à l’Institut de génétique et microbiologie de l’université Paris-Sud.

Très peu de planètes en zone habitable

La découverte de nouveaux mondes ne fait que commencer. La première exoplanète a été découverte en 1995. Selon les dernières estimations, notre galaxie, la Voie lactée, compte 100 milliards d’exoplanètes. Parmi elles, 17 milliards seraient semblables à la Terre, et donc propices à l’émergence de la vie. Mais pour l’instant, nous n’avons repéré qu’un peu plus de 2 300 exoplanètes, et les chercheurs n’ont identifié qu’une poignée de planètes similaires à la Terre. Et encore moins en zone habitable, c’est-à-dire où il ne fait ni trop chaud, ni trop froid. En gros, où l’on a des chances de trouver de l’eau sous forme liquide. Cette zone correspond généralement à la distance moyenne Terre-Soleil, qui correspond à une unité astronomique, soit 149 597 871 kilomètres. Dans le détail, cette température varie selon la chaleur de l’étoile, comme le montre cette vidéo :

Mais les découvertes sont de plus en plus prometteuses. Par exemple, en avril, des chercheurs ont découvert deux nouvelles exoplanètes semblables à la Terre. Il se peut d’ailleurs qu’elles regorgent d’eau et même qu’elles soient des planètes-océans. Est-ce la promesse d’y trouver des êtres vivants ? "Cette abondance d’eau ne signifie pas automatiquement la présence de la vie. Pour que les différents éléments chimiques nécessaires se rencontrent et que la vie puisse apparaître, il ne faut pas qu’ils baignent dans une masse d’eau trop importante. Il faut des espaces plus restreints d’où l’eau peut s’évaporer : des flaques, des mares. Et donc des terres émergées", explique à francetv info Louis d'Hendecourt.

Reste que ces deux exoplanètes sont, à l’heure actuelle, les astres découverts les plus similaires à la Terre. Mais nous ne disposons pas de la technologie nécessaire pour aller les observer directement à l’aide d’une sonde : elles sont trop lointaines puisqu’elles se situent à 1 200 années-lumière de la Terre, sachant qu’une année-lumière correspond à la distance parcourue par la lumière en une année, soit 9 461 milliards de kilomètres.

Les chercheurs doutent de plus en plus

Malgré toutes les recherches infructueuses, les astrophysiciens affichent une certaine assurance. "Les probabilités de trouver une forme de vie extraterrestre sont gigantesques", résumait Jean-Loup Bertaux, directeur de recherche émérite au laboratoire Atmosphères, milieux, observations spatiales du CNRS, à francetv info, en 2012. "C’est une évidence", affirmait au quotidien Corse-Matin l'astrophysicien Jean-Pierre Sivan, directeur de recherches au CNRS, en 2009.

Mais cet optimisme tranche totalement avec le scepticisme des biologistes et des chimistes. "Les astrophysiciens passent très rapidement sur la question des conditions chimiques favorables à l’apparition de la vie", souligne Louis d’Hendecourt, qui note que certains de ses confrères commencent à faire part de leurs doutes, en coulisses. En effet, difficile d’expliquer comment la vie n’a pu être observée ailleurs, alors que, comme l’observe le spécialiste, "les éléments les plus abondants et les plus disponibles dans l’univers sont justement les éléments constitutifs de la vie".

De son côté, Patrick Forterre garde une once d’espoir : "Ce n’est pas parce que nous n’avons pas rencontré d’extraterrestres [intelligents] qu’ils n’existent pas. Mais s’ils existent, ils logent peut-être dans d’autres galaxies, à des millions d’années-lumière, nous ne le saurons jamais."

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