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Mammouths ou virus prisonniers des glaces : que peut-on ressusciter ?

Sous la glace, les scientifiques retrouvent des spécimens disparus particulièrement bien conservés. Mais quelles sont les chances de les voir se réveiller ?

Article rédigé par Jelena Prtoric
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
Des scientifiques russes ont trouvé du sang dans la carcasse d'un mammouth extraite du sol sibérien. (LCL / AFP)

Et si le clonage des espèces préhistoriques n'était plus seulement un scénario de films fantastiques ? Les scientifiques russes qui ont trouvé une carcasse de mammouth bien conservée sur un îlot de l'océan Arctique y croient. Ils estiment que cette découverte leur "donne des chances réelles de trouver des cellules vivantes"  pourà terme, réaliser leur projet de clonage. 

Le permafrost (ou pergélisol), ce sol gelé en permanence, cache bien plus que des carcasses de mammouths. Francetv info revient sur quelques spécimens qui pourraient (ou pas) ressusciter. 

Les mammouths : pas pour tout de suite

Déjà, en 2008, l’écrivain scientifique Henry Nicholls invitait à recréer un mammouth, dans la revue scientifique Nature (en anglais). Le 13 mars 2013, des scientifiques russes et sud-coréens ont même signé un accord afin de mettre en commun leurs recherches en vue de cloner l'animal. La dernière découverte a relancé leurs espoirs : la carcasse contient en effet des tissus musculaires préservés et du sang.

Pour réaliser le clonage, il faudrait récupérer le matériel génétique complet d’un mammouth, extraire le noyau et l’injecter dans une cellule-souche d’éléphant (cousin lointain du mammouth), créer des embryons de mammouths et finalement les implanter dans une éléphante, explique Le Figaro. Un processus bien compliqué qui n'est pas pour demain. Or, même si les scientifiques y parviennent un jour, rien ne permet de savoir si le noyau d'une cellule de mammouth sera compatible avec une cellule d’éléphant. On ne sait pas non plus si un mammouth pourrait survivre dans les conditions climatiques actuelles.

Les dinosaures : pas envisageable

Recréer un mammouth, cela reste quand même plus probable que ressusciter un dinosaure. Dans le film culte de Steven Spielberg Jurassic Park, des scientifiques réussissent à cloner des dinosaures en utilisant le matériel génétique trouvé dans un moustique fossilisé dans un morceau d'ambre, qui avait ingéré le sang de dinosaures il y a plusieurs millions d'années. Dans la vraie vie, les ADN des dinosaures sont tout simplement trop périmés pour permettre un quelconque clonage.

En 2012, deux paléontologues ont mené une étude sur de vieux os pour essayer de calculer avec précision le taux de dégradation du matériel génétique, relayait la revue Nature (en anglais)Si le processus de dégradation est lent - l’ADN se dégrade de moitié après exactement 521 ans -, il reste trop rapide pour cloner des dinosaures, vieux d’au moins 65 millions d’années. 

Les plantes : déjà fait, mais à moitié

Il y a 32 000 ans, près du fleuve Kolyma, en Sibérie, un écureuil a emmagasiné des fruits de Silene stenophylla dans son terrier pour passer l’hiver. En 2012, des scientifiques russes ont trouvé son garde-manger : dans le permafrost, à une profondeur de 38 mètres, les sédiments étaient parfaitement préservés. A partir du tissu placentaire des fruits, ils ont obtenu des pousses, explique Sciences et AvenirUne fois plantée dans un sol spécialement enrichi, la petite pousse a donné plusieurs générations de fleurs et de fruits. Ces plantes régénérées ont un phénotype clairement distinct des Silene stenophylla modernes.

Plus récemment, un autre spécimen s’est réveillé sur le glacier Teardrop, dans l'Arctique canadien. Des plantes découvertes dans le glacier, une fois rapportées en laboratoire, ont donné des branches vertes, explique la BBC (en anglais). "Avec le réchauffement climatique qui fait reculer les glaciers et ramollit le pergélisol, c'est tout un territoire qui est restitué au vivant, un réservoir génétique inexploré qui s'ouvre aux chercheurs, un nouveau monde qui émerge", s'enthousiasme la biologiste Catherine La Farge sur le blog Passeur de sciences du Monde.

Les virus : une inquiétude

Officiellement, la variole, un virus qui a fait plusieurs centaines de millions de morts, est éradiquée depuis 1980, selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS). Aujourd'hui, seuls deux laboratoires - un aux Etats-Unis, l'autre en Russie - gardent des souches de la variole, "afin de pouvoir lutter contre le bioterrorisme en fabriquant des vaccins en cas de nécessité", explique un article du Monde datant de 2011.

Pourtant, fin 2012, on a appris que le virus était bien conservé ailleurs. En Sibérie, des scientifiques ont détecté une souche de variole dans un corps momifié et gelé datant du XVIIIe siècle. Une découverte dont les chercheurs se sont réjouis : les éléments du virus découvert ont été partiellement séquencés, ce qui "pourrait aider aux recherches sur l'évolution du virus", expliquait alors Le Monde.

Mais le réchauffement climatique, qui entraîne la fonte du permafrost, pourrait-il provoquer une réactivation de virus semblables ? Car le froid, qui tue les grosses bêtes, conserve toute leur verdeur à la plupart des virus, soulignait Libération en 1999.

Pas de raison de s’inquiéter, expliquait Eric Crubézy, du CNRS, au Figaro, après la découverte du corps. "Ce n'est pas possible. (…) Le virus meurt lui aussi, peu après sa victime. Nous en apportons d'ailleurs la preuve : la momie que nous avons étudiée était très bien conservée et, pourtant, nous n'avons trouvé que des petits fragments du virus." Espérons que ce soit le cas pour tous les virus.

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