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Face à l'abeille, l'éléphant ne fait pas le poids

Une scientifique britannique a remporté un prix des Nations unies pour avoir démontré comment ces insectes peuvent aider les fermiers à se protéger des pachydermes.

Article rédigé par franceinfo
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Un jeune éléphant dans la réserve nationale du Masai Mara au Kenya, le 10 octobre 2010. (DENIS HUOT / AFP)

Les éléphants ont peur des abeilles et c'est une bonne nouvelle. Pour avoir démontré que 90 % des éléphants kenyans fuient lorsqu'ils entendent une abeille, Lucy King, une scientifique britannique, a remporté un prix environnemental prestigieux, remis tous les trois ans par le Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE). 

Sur le site de l'université d'Oxford (article en anglais), elle expliquait en 2008 pourquoi le pachyderme craint l'insecte malgré l'épaisseur de sa peau. "Les abeilles sont attirées par l'eau qui se trouve autour de leurs yeux, relate-t-elle. C'est un point faible pour les piqûres."

Plus grave : si un éléphant a le malheur de tomber sur une ruche lorsqu'il fouille les branches d'un arbre avec sa trompe, les insectes peuvent se glisser à l'intérieur de celle-ci. "Nous avons des témoignages de gens qui ont assisté à ce malheureux événement, raconte la scientifique. L'éléphant est devenu fou furieux en essayant de faire sortir les abeilles de sa trompe."

Rude compétition 

Cette découverte, apparemment anodine, pourrait se révéler décisive dans le réglement des conflits entre fermiers et éléphants en Afrique. Sur un continent qui connaît une forte croissance de sa population, les hommes empiètent de plus en plus sur l'habitat des pachydermes. Ces derniers ne se laissent pas démonter et n'hésitent pas à pénétrer dans les cultures pour se nourrir. La compétition est rude et fait des victimes des deux côtés.

Dans ce contexte, le docteur King a démontré que l'intervention des abeilles permet de séparer les deux belligérants. Au Kenya, elle a mis au point des barrières un peu spéciales pour tenir les éléphants à l'écart des champs et des fermes. A l'intérieur, elle a installé des ruches. A chaque fois que l'un d'eux tente de franchir cet obstacle, il secoue les ruches et énerve les abeilles. 

Cri d'alarme

L'équipe du docteur King a également découvert que lorsque l'éléphant entend l'insecte, il lance un cri d'alarme particulier pour avertir ces congénères. Comme le montre la vidéo ci-dessous, la diffusion par haut-parleur de ce bruit met les pachydermes en fuite. Autre avantage à utiliser des abeilles pour les fermiers kenyans : leur miel constitue une source de revenus supplémentaires. 

Le docteur King doit maintenant démontrer l'efficacité de ces techniques en dehors du Kenya. "Je ne peux pas affirmer avec certitude que cela va fonctionner ailleurs mais il y a un potentiel pour l'utiliser dans le sud du continent, où la population d'éléphants est plus importante", envisage la scientifique sur le site de la BBC (article en anglais).

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