Mai-68 : Chez les enfants de soixante-huitards, "l'engagement se pratique au quotidien" selon Julie Pagis
Auteure de l'ouvrage "Mai-68, un pavé dans leur histoire", la chercheuse Julie Pagis dresse l'évolution des enfants des "anonymes de 68". L'occasion pour elle de revenir sur l'importation du militantisme dans les sphères familiales.
Pour changer le monde, il fallait changer le monde dès le départ. C'est l'idée que met en lumière la chercheuse Julie Pagis sur l'après Mai-68 chez les militants. "C'est l'utopie de l'homme nouveau. Si on socialise les enfants à des normes auxquels on croit, et bien on va changer le monde", étaye cette chercheuse spécialisée dans l'historiographie des militants anonymes "soixante-huitards". Cette importation du militantisme dans la sphère familiale prend alors différentes formes.
Mettre en pratique leur engagement au quotidien
Le fait d'appeler ses deux parents par leur prénom plutôt que par "papa et maman" n'est pas anecdotique pour la chercheuse, dont les travaux ont montré que plus de la moitié des enfants appellent leurs parents par leurs prénoms. "Il y avait l'idée, pour ces 'soixante-huitards', d'un chantage affectif qui masquait des rapports de domination adultes-enfants", livre cette chercheuse au CNRS.
Si elle explique que la très grande majorité de ses sujets d'étude ont hérité d'une vision de gauche, elle explique que "ces enfants vont être engagés dans leur quotidien" sans forcément éprouver le besoin de le revendiquer ou de l'être au sein d'association. "Il y a quelque part l'idée que leurs parents ont porté des combats sur un plan théorique. Et eux l'ont incorporé en le mettant en oeuvre dans leurs pratiques quotidiennes", conclut Julie Pagis.
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