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Commémoration de la rafle du Vel' d'Hiv : "C'était assez logique qu'Emmanuel Macron rencontre Benyamin Nétanyahou"

À l'occasion de la commémoration des 75 ans de la rafle du Vel' d'Hiv, le Premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou était l'invité d'Emmanuel Macron. Pour Bruno Tertrais, directeur adjoint de la FRS, cela ne présage "pas forcément" de bonnes relations futures.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Benyamin Nétanyahou et Emmanuel Macron, le 16 juillet 2017. (KAMIL ZIHNIOGLU / POOL)

Le Premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou était l'invité dimanche 16 juillet d'Emmanuel Macron pour la commémoration du 75ème anniversaire de la rafle du Vél' d'Hiv. Cette invitation a créé la polémique, mais pour Bruno Tertrais, directeur adjoint de la Fondation pour la Recherche Stratégique (FRS), il n'est "pas totalement inconcevable d'inviter le Premier ministre israélien en exercice au 75e anniversaire de la rafle du Vél' d'Hiv".

Pour lui, cela ne présage "pas forcément" de bonnes relations futures. Bruno Tertrais a estimé qu'"il y a très clairement une méthode" Macron en matière de diplomatie, "faite de symboles très forts, et de briser les tabous".

franceinfo : Benyamin Nétanyahou a remercié celui qu'il a appelé "mon ami Emmanuel Macron" pour son invitation. Cela augure-t-il de futures bonnes relations entre le président français et le dirigeant israélien ?

Bruno Tertrais : Non, pas forcément. C'était assez logique qu'Emmanuel Macron rencontre Benyamin Nétanyahou, car il a déjà rencontré deux fois Mahmoud Abbas. Il était assez cohérent qu'il trouve l'occasion de rencontrer le Premier ministre israélien. Mais cela ne veut pas dire qu’ils auront de bonnes relations personnelles.

Emmanuel Macron parle d'un "geste naturel" concernant cette invitation. Elle a pourtant fait polémique...

Il y a toujours polémique quand une invitation est lancée à certains chefs d'État ou de gouvernements étrangers. Moi je considère que c'est un petit peu comme inviter Trump. Donald Trump était invité en tant que président des États-Unis, Nétanyahou en tant que Premier ministre d'Israël. Ce n'était pas totalement inconcevable d'inviter le Premier ministre israélien en exercice au 75e anniversaire de la rafle du Vel' d'Hiv.

Il y a toujours une polémique dès que Benyamin Nétanyahou est dans une pièce.

Bruno Tertrais, directeur adjoint de la Fondation pour la Recherche Stratégique

à franceinfo

Peut-on parler d'une "méthode Macron" en ce qui concerne la diplomatie ?

Il y a très clairement une méthode. Elle est faite de symboles très forts, et de briser les tabous, de ne pas se soucier des "qu'en diras-t-on". En tout cas, inviter Donald Trump et Benyamin Nétanyahou dans la même semaine, ce n'est pas fait pour caresser l'opinion publique française dans le sens du poil. Il utilise des symboles forts. Il décide de rencontrer tout le monde, de parler avec tout le monde.

Emmanuel Macron et Benyamin Nétanyahou vont discuter en tête à tête après la commémoration, est-ce l'occasion de replacer la France au cœur du jeu diplomatique au Proche-Orient ?

Je ne pense pas qu'en un seul rendez-vous la France puisse se placer au Moyen-Orient. Mais par contre je pense que Benyamin Nétanyahou aura a coeur de demander à Emmanuel Macron s'il souhaite, comme l'année dernière, de continuer à tenter de relancer le processus de paix. Je ne pense pas que ce soit le cas, d'ailleurs. Je crois que Nétanyahou est rassuré de la posture qu'a adoptée Macron pendant sa campagne concernant la reconnaissance de l'État de Palestine. Macron ne s'excuse pas de rencontrer Mahmoud Abbas, d'avoir de bonnes relations avec, mais, contrairement à l'administration précédente, il ne souhaite pas que la France envisage une reconnaissance unilatérale de la Palestine comme État indépendant.

Emmanuel Macron cherche-t-il aussi à prendre le leadership en Europe face à Angela Merkel ?

Je ne crois pas qu'il s'agisse d'essayer de prendre un quelconque leadership en Europe, et d'ailleurs l'Europe n'a pas besoin d'un leader particulier, puisque personne en veut qu'un dirigeant prenne le leadership de la région. Ce qui compte, c'est que les grands dirigeants s'entendent bien. Les deux leaders qui ont le vent en poupe ces temps-ci sont bien Merkel et Macron, May étant un peu isolée.

"C'était assez logique qu'Emmanuel Macron rencontre Benyamin Nétanyahou", Bruno Tertrais, directeur adjoint de la Fondation pour la Recherche Stratégique à franceinfo.

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