Carburants : contrôle qualité

Une enquête qui concerne les carburants. La qualité n'est pas toujours au rendez-vous. Il y a des carburants souillés ou des fonds de cuve qui détériorent très sérieusement les moteurs. On a aussi testé les différentes qualités de diesel qui sont vendues à la pompe, supérieures ou standard.

Marie Roycourt marche plus souvent depuis qu'elle est venue faire son plein de gazole dans cette station de supermarché dans la Drôme. Sa voiture s'est mise à manquer de reprise puis à caler. Selon des experts, son carburant était pollué.

On m'a dit qu'il y avait des bouts de fond de cuve, de l'eau, 8 fois plus que la norme. On trouve aussi du sodium qui serait utilisé pour précipiter la saleté sur les parois des cuves.

Sa voiture est immobilisée au garage depuis 3 mois. Personne ne voulant reconnaître sa responsabilité. Pour les techniciens, pas de doute, le carburant est en cause. Cette pâte visqueuse se retrouve dans différents éléments du moteur.

C'est certainement un mélange avec du gazole et de l'eau. C'est tellement mélangé que ça fait une formation opaque, ça s'infiltre.

Ces impuretés retrouvées dans les réservoirs ne sont plus supportées par les nouvelles générations de moteur à très haute pression.

Il y a 10 ans, la pression était de 200 bars. Maintenant, on est sur 2.000 bars. La moindre particule ne pardonne pas.

Comment être sûr de ce que nous mettons dans nos réservoirs ? Nous avons vérifié dans cette station d'un grand pétrolier. Cette machine est une jauge électronique, elle mesure en permanence le contenu des cuves. Sur ce ticket, on constate l'absence d'eau, l'ennemi des moteurs.

S'il y a impureté, cette machine nous alerte immédiatement. Une alarme sonnerait directement ici.

Une fois par mois, un test visuel est effectué. Une longue tige est plongée au fond de la cuve avec une petite couche de pâte blanche à son extrémité. Si elle ne change pas de couleur.

Ça veut dire qu'il n'y a pas d'eau. Voyez si on la met dans l'eau.

La qualité du carburant devient un argument commercial. Les pétroliers multiplient les versions supérieures. Pour le gazole par exemple, la différence de prix est de 4 cts à la pompe.

Je prends toujours du normal.

Pourquoi.

Le prix et je ne suis pas convaincu par les effets.

Je l'ai constaté et le mécano me l'avait dit aussi, que ça encrassait moins et qu'on roulait plus.

J'en prends tous les 3 pleins.

J'ai essayé mais je n'ai jamais vu la différence.

Nous vérifions si il y a une réelle différence. Ce centre de recherche d'un grand pétrolier nous ouvre ses portes. Ce scientifique nous présente cette pièce. Un injecteur par lequel le carburant est pulvérisé vers le moteur. Au microscope, la nuance est de taille.

Sur la droite, un agrandissement d'un de ces trous. Recouvert d'un dépôt, le carburant ne possède pas d'additif. Ici, le carburant est additivé et empêche la formation de dépôts.

Autre expérience dans ces tubes, à droite un carburant supérieur. A gauche, un carburant standard. Plongés dans une eau à 90 degrés pour les vieillir. Après 16 heures de test, celui sans additif à gauche s'encrasse et change de couleur.

Les carburants de qualité supérieure contiennent entre 4 et 10 additifs dont des additifs anti-oxydants, détergeants qui nettoient. Ils maintiennent le niveau de performance du véhicule.

Pourtant, selon ce spécialiste qui teste les différents carburants, les additifs sont un plus, pas une nécessité.

Il existe des normes minimales pour vendre un carburant. Donc même un carburant ordinaire correspond à ces normes-là, pas de raison qu'il abîme le moteur.

D'où vient la panne du véhicule de Marie Roycourt ? Selon ce rapport d'experts, les dépôts constatés proviennent d'un fond de cuve. Cette pollution rend ce combustible impropre à l'alimentation d'un moteur diesel. Le supermarché reste perplexe puisqu'il s'agit d'un cas isolé.

Lorsqu'il y a des problèmes, c'est pas un client qui tombe en panne c'est 20 ou 50 clients dans la matinée. Avec 300 clients par jour, s'il y a un problème, on le sait immédiatement.

Si on n'arrive pas à retrouver plusieurs personnes qui ont eu le même problème, on est sacrément embêté.

Après 3 mois de lutte et d'expertises contradictoires, la réparation de 7.400 euros sera remboursée par son assurance.