Bangladesh : un an après le drame de l'atelier textile
Au Bangladesh, quels changements depuis le drame de l'an dernier? se sont-elles améliorées, comme s'y étaient engagées les grandes enseignes ? L'une de nos équipes est allée vérifier.
C'est encore aujourd'hui un amas de gravats où se dressait le Rana Plaza Le 24 avril 2013, cet atelier textile de 8 étages s'effondrait, tuant 1 129 personnes officiellement sans compter les centaines de corps jamais retrouvés. Aruthi a passé 3 jours sous les décombres avant d'être secourue. Elle a perdu sa jambe droite, et surtout sa mère, ouvrière aussi.
Je ne peux plus travailler, je peux à peine bouger.
Vous êtes retournée là-bas.
Non, je ne peux plus.
Les 10.000 euros d'indemnités touchés serviront à nourrir ses frères et soeurs. D'autres n'ont rien reçu.
C'est votre fille.
Oui.
Ce sont les fantômes du Rana Plaza. Pas de porte coupe-feu, une seule issue grillagée, un plan d'évacuation à l'envers, et des tonnes d'équipements entassées au 5e étage.
On vient toutes travailler, ça doit signifier qu'il n'y a pas de danger.
Mais les marques faisant fabriquer au Bangladesh ont dû réagir. 150, dont Auchan, Camaïeu et Carrefour ont signé un accord. Elles s'engagent à financer des inspections indépendantes.
S'il y a des travaux à faire et que le patron n'en a pas les moyens, les marques signataires doivent participer financièrement.
Mais certaines de ces marques ont aussi coupé les ponts avec leurs fournisseurs. Cet atelier produisait pour un grand groupe de mode bas marché.
Ici, on faisait des finitions.
Le client a stoppé les commandes plutôt que de l'aider à faire les travaux. Ses 1 300 salariés sont chômeurs.
Depuis 10 ou 15 ans, je travaillais avec ce client. On s'est développés ensemble et d'un coup, il me laisse tomber. Il dit au monde entier qu'il ne travaille plus avec ces usines. Mais quand il y avait des bénéfices, il n'y avait pas de problème. Et il prétend être un saint ! C'est maintenant que j'ai besoin de lui.
Les inspections vont se poursuivre au rythme de 250 usines par mois. Mais les ouvriers, ici, attendent un partenariat de long terme, pour que l'Occident ne fasse pas mine d'ignorer les secrets de Polichinelle du "made in Bangladesh".
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