Les espèces invasives "ne connaissent pas de frontières", alerte l'écologue Franck Courchamp

Les espèces invasives sont une "menace mondiale majeure pour la nature et la santé humaine". C'est le cri d'alarme lancé par la plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité (IPBES), équivalente du Giec pour la biodiversité, dans un rapport publié lundi. L'écologue Franck Courchamp "espère que ce rapport" pourra alerter en ce sens.
Article rédigé par franceinfo
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Des frelons asiatiques sortent de leur nid près de Tours en octobre 2020. (ALAIN JOCARD / AFP)

La plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité (IPBES), équivalente du Giec pour la biodiversité, a publié un rapport lundi 4 septembre sur les espèces invasives, considérées depuis 2019 comme l’un des cinq facteurs principaux de perte de biodiversité. Une menace a prendre très au sérieux pour Franck Courchamp, directeur de recherche au CNRS Université Paris-Saclay.

"Ça ne peut se résoudre que de manière globale", affirme Franck Courchamp. L'écologue estime qu'il faut "empêcher ces espèces d'arriver, donc les contrôler au niveau des ports, des aéroports. Ce sont des choses qui sont plus efficaces que de les contrôler une fois qu'elles sont établies." Le chercheur appelle à "une prise de conscience plus importante au niveau des pouvoirs publics, au niveau des industriels - autres porteurs d'enjeux - et au niveau du public en général". Il plaide pour "développer mieux les connaissances, parce que ce rapport a mis en évidence beaucoup de points sur lesquels il n'y avait pas assez d'informations"

C'est une menace globale pour la biodiversité et les sociétés humaines.

Franck Courchamp

à franceinfo

"Ces espèces envahissantes ne connaissent pas de frontières, évidemment", rappelle Franck Courchamp. "On reçoit beaucoup d'espèces monde entier, on en envoie beaucoup dans le monde entier. Le chercheur du CNRS souligne que les espèces invasives sont "particulièrement adaptables". "Elles n'ont souvent pas d'ennemis naturels dans les nouveaux écosystèmes dans lesquels elles sont apportées et les espèces locales ne sont pas adaptées à ces plantes". L'invasion est ainsi "plus facilement établie, plus facilement ancrée". Et cela créée également "un impact plus facilement sur les espèces locales qui n'ont pas de défenses face à ces espèces".

Perche du Nil, chytride et frelon asiatique

Franck Courchamp prend notamment l'exemple de la perche du Nil qui est arrivée dans le lac Victoria, en Afrique, "qui a éliminé 200 à 300 espèces de poissons locaux qu'on ne trouvait nulle part ailleurs", ou encore du chytride, "un champignon qui est responsable de l'extinction massive des grenouilles, crapauds et autres amphibiens partout dans le monde". L'écologue pointe la "relation entre ce déclin de ces populations de grenouilles et l'augmentation de plusieurs maladies en Amérique centrale due au fait que les moustiques n'étaient plus contrôlés par ces grenouilles et donc qu'ils apportaient plus de virus dans les populations humaines".

Franck Courchamp pointe encore "le frelon asiatique en France qui est arrivé avec une seule femelle fécondée en 2004". L'écologue explique que, "20 ans après, les descendants de cette femelle ont envahi toute la France, les pays limitrophes, y compris la Grande-Bretagne, au-delà de la Manche. C'est maintenant difficile de contrer cette invasion que l'on considère être une des plus rapides dans le milieu terrestre".

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