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Le génome du tigre de Tasmanie est désormais connu et il livre les secrets de l'extinction de l'animal

La diversité génétique de l'animal s'est dégradée il y a plus de 70 000 ans, bien avant l'arrivée des premiers hommes en Australie.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Des tigres de Tasmanie (ou thylacines) pris en photographie dans un zoo d'Hobart en 1918. (TASMANIAN MUSEUM AND ART GALLERY / AFP)

Le tigre de Tasmanie était condamné, bien avant que l'homme ne commence à la chasser. Le patrimoine génétique de ce mystérieux animal australien était en effet en piètre santé des milliers d'années avant son extinction, révèlent des chercheurs. Leurs travaux, publiés dans la revue Nature (en anglais), montrent que la diversité génétique de l'animal s'est dégradée il y a plus de 70 000 ans, bien avant l'arrivée des premiers hommes en Australie – les scientifiques estiment que les Aborigènes sont là depuis 65 000 ans.

Les chercheurs ont réalisé le séquençage du génome de l'animal grâce à un spécimen de bébé tigre, en fait un marsupial également connu sous l'appellation thylacine, conservé depuis une centaine d'années dans un bocal. 

Un squelette de thylacine et un spécimen de bébé conservé depuis une centaine d'années dans un bocal, qui a servi à l'étude et au séquençage du génome. (TORSTEN BLACKWOOD / AFP)

"Notre espoir est que le thylacine nous en dise beaucoup sur les fondements génétiques de son extinction afin de venir en aide à d'autres espèces", déclare Andrew Pask, biologiste à l'université de Melbourne et co-auteur de l'étude. Grâce à ces recherches, spécule-t-il, les scientifiques pourront peut-être un jour cloner cet animal parmi les plus mythiques de l'Australie et le ramener dans le monde des vivants.

Ce génome figure parmi les génomes les plus complets d'un animal disparu et il s'agit donc en théorie de la première étape pour le 'faire revenir', mais nous sommes encore loin de cette possibilité.

Andrew Pask

dans la revue "Nature"

L'animal était très répandu dans toute l'Australie continentale avant sa disparition il y a environ 3 000 ans, probablement à cause de la sécheresse. Il a résisté plus longtemps dans l'île méridionale de Tasmanie, jusqu'en 1936. A cette date, le dernier spécimen connu est mort dans un zoo de Hobart. Les autres tigres de l'île avaient été exterminés par la chasse intensive.

Un chasseur tient un tigre de Tasmanie mort dans les bras, en 1925. (ANN RONAN PICTURE LIBRARY / ANN RONAN PICTURE LIBRARY / AFP)

Mais pourquoi ce tigre ressemblait tant au dingo ?

Les chercheurs ont aussi découvert que l'animal était plus proche génétiquement du diable de Tasmanie, un autre marsupial australien, que du dingo, genre de chien sauvage avec lequel il partage néanmoins de nombreuses caractéristiques physiques.

Un diable de Tasmanie dans un centre pour animaux de Sydney (Australie), en juin 2010. (GREG WOOD / AFP)

Ces similarités sont l'un des meilleurs exemples "d'évolution convergente" d'animaux, relèvent les scientifiques. Cela veut dire que des espèces en viennent à se ressembler en s'adaptant au même environnement. Le tigre de Tasmanie et le dingo ont partagé des ancêtres communs il y a environ 160 millions d'années pour la dernière fois, mais leur tête et leur corps se sont développés de façon similaire à cause de leurs techniques de chasseurs et de mangeurs de viande.

Un dingo photographié dans l'Etat du Queensland (Australie), en 2004. (ALAIN MAFART-RENODIER / BIOSPHOTO / AFP)

"Nous avons découvert que ce ne sont pas les gènes eux-mêmes qui ont produit la même forme crânienne et corporelle mais l'environnement qui 'allume et éteint' des gènes au cours du développement", poursuit Andrew Pask. "Cela ouvre de nouvelles perspectives pour comprendre l'évolution. Nous pouvons explorer ces régions du génome pour comprendre comment deux espèces peuvent converger vers la même apparence, comprendre comment marche l'évolution."

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