Dordogne : était-ce un loup dans le poulailler ?

La première fois qu'il a vu l'animal, Albert, 73 ans, ne s'est pas méfié. "Je l'ai vu au milieu du pré, vendredi matin, pour moi, c'était un chien", raconte à francetv info le retraité de Saint-Léon-sur-l'Isle (Dordogne). "J'avais un chien-loup dans le temps et il lui ressemblait fortement", poursuit-il.

Quelques heures plus tard, ce 30 octobre, sa compagne va chercher des œufs. "Elle m'a dit 'il y a un loup dans le poulailler'", rapporte Albert. L'animal de la matinée est là, allongé dans un coin, en bas des marches. "Il montrait ses dents, il était agressif. Soi-disant, il grognait mais je suis sourd, je n'ai rien entendu", reconnaît-il.

"Il était très maigre, je crois même qu'il avait la gale"

Le septuagénaire ferme alors la porte de l'abri que ses poules ont déserté. Il appelle la Société protectrice des animaux, la commune. "Personne ne s'est déplacé. Je suis allé voir le voisin et je lui ai dit qu'il y avait un chien agressif dans le poulailler", poursuit Albert. Chasseur, celui-ci ne sait pas non plus à quel animal il a affaire. Il l'abat, depuis l'entrée du poulailler. Pourquoi avoir tiré ? "Vous voulez y aller vous, quand il y a un chien agressif ?", lance Albert, un peu agacé par la question.

Les deux hommes sortent la dépouille de l'animal et l'étendent au sol. "Il avait une patte avant sectionnée par un filin de fer, comme s'il avait marché dans un piège, décrit Albert. Il était très maigre, je crois même qu'il avait la gale." Les gardes fédéraux de l'Office National de la chasse et de la faune sauvage et les gendarmes arrivent finalement, pèsent l'animal (17 kg) et font les premières constatations. Les poules d'Albert n'ont pas souffert, mais deux de ses brebis ont été retrouvées mortes ces derniers jours.

Une plainte déposée pour braconnage

Albert, lui, ne sait pas s'il s'agit vraiment d'un loup. "La dernière fois que j'ai vu un loup, c'était en 1963 au zoo de Vincennes, pendant mon service militaire", s'excuse cet ancien ouvrier de la chaussure. Aperçu l'an dernier dans les départements voisins du Lot et du Gers, le fauve n'a de toute façon pas remis les pieds en Dordogne depuis 1929, selon la Revue des archives départementales (PDF).

Alors, loup ou pas loup ? "L'examen externe laisse entendre qu’il s’agit d’un loup, mais c'était un animal en très mauvais état sanitaire, explique à francetv info Jean-François Mailhes, procureur de Périgueux. J'ai donc demandé à ce que l'animal soit autopsié pour avoir la certitude qu'il s'agit d'un loup et pas d'un croisement."

L'autopsie répondra à une autre question centrale : l'animal était-il mourant ? S'il s'agit bien d'un loup, et qu'il est jugé "viable", le voisin d'Albert sera poursuivi pour destruction d'espèce protégée. Une association de défense des animaux a porté plainte pour braconnage et destruction d'espèce protégée. Les résultats de l'autopsie devraient être connus "dans la semaine".