De quoi discutent les animaux entre eux ? De sexe, de nourriture et de leurs petites contrariétés
Plusieurs études scientifiques sont récemment venues éclairer notre connaissance du langage chez différentes espèces, comme les chimpanzés, les pingouins et les chiens.
Le langage secret des manchots du Cap a été décodé. Une étude menée par une équipe de scientifiques italiens, publiée mercredi 30 juillet par la revue Plos One (en anglais), a identifié six sons ayant des significations différentes. Ils permettent aux animaux de communiquer entre eux, rapporte The Guardian (en anglais). Si nous savions déjà que les animaux, bien que dépourvu de parole, savent échanger des informations, nous parvenons de mieux en mieux à comprendre ce que se raconte d'autres espèces.
Plusieurs études récentes, sur les pingouins, les singes ou encore les chiens de prairie, le prouvent. Petit lexique inter-espèces.
"Quelqu'un peut m'apporter à becter ? Sérieux, j'ai trop faim !"
C'est l'un des enseignements les plus étonnants des travaux menés par le docteur Livio Fararo : ces jeunes manchots ("pinguins jackass" en anglais), poussins ou ados, développent un langage distinct. Ainsi, les chercheurs ont décodé la signification de six sons. Quatre d'entre eux sont produits exclusivement par les adultes. Ils concernent d'ailleurs des activités de grands : chercher à rencontrer d'autres pingouins, crier à l'agression, draguer et chanter en couple.
Les jeunes, eux, n'ont qu'une obsession : manger. "Ils existent deux sortent d'appel, les poussins poussent un pépiement, un piaillement, lorsqu'ils veulent que les adultes leur apportent de la nourriture", explique Livio Fararo, cité par The Guardian. Soit l'équivalent de "papa, maman, j'ai faim". Quant aux adolescents, ils gémissent pour demander de la nourriture, quand bien même ils sont déjà capables de se balader en dehors du nid. Ça ne vous rappelle rien ?
"Hmm... T'as vu comment je machouille ma feuille ? T'aimes ça, hein ?"
C'est la première fois que des chercheurs ont pu étudier le langage de singes dans leur milieu, plutôt qu'en captivité, se félicitaient début juillet Catherine Hobaiter et Richard Byrne. Leurs travaux à l'université écossaise de St Andrews (Royaume-uni), publiés par la revue américaine Current Biology (en anglais), ont permis de répertorier un dictionnaire de 66 gestes type, portant 19 messages spécifiques. Pour ce faire, ils ont analysé 4 500 moments d'échange effectués par des chimpanzés, qui ont été filmés en Ouganda entre 2007 et 2009.
Ainsi, selon l'article de cinq pages, lorsqu'une mère montre la plante de son pied à son petit cela veut dire "monte sur mon dos". Toucher le bras de l'autre signifie "gratte-moi" et agripper l'autre signifie à la fois "arrête", "monte sur moi", ou "va-t-en". Tout aussi étrange, mâcher des feuilles appelle l'attention sexuelle de l'autre. Vous imaginez ? "Je fais quoi ? Il m'a regardé en mâchant une feuille ?", serait l'équivalent de "je réponds à son sexto ou pas ?" Plus émouvant, les chimpanzés sont aussi capables de dire aux humains "adieu et merci", comme le montre cette vidéo de Woonda et de la primatologue Jane Goodal (à 3 minutes 15), tournée fin 2013 en République démocratique du Congo.
"Attention tout le monde ! Voilà un humain de taille moyenne habillé en vert !"
Con Slobodchikoff, comportementaliste animalier et professeur émérite à l'université d'Arizona du Nord, est convaincu que nous disposons de la technologie pour construire des appareils permettant de parler à nos chiens et à nos chats. Ses travaux poussés sur les cris des chiens de prairie, qui font l'objet de cet article de The Atlantic (en anglais), publié en juin 2013, laissent penser qu'il n'exagère pas. En effet, ces mignonnes petites bêtes sont capables de donner l'alerte, ainsi qu'un descriptif très précis de la menace qui s'approche. Ils poussent un cri différent en fonction qu'ils aient aperçu un chien domestique, un humain, un aigle ou encore un coyote. Des variations leur permettent aussi de préciser sa taille, sa forme et même sa couleur – bien qu'ils ne distinguent pas le rouge. Le spécialiste l'explique dans cette vidéo (en anglais) :
Un chien de prairie, tel un policier décrivant un suspect en fuite, peut ainsi prévenir ses amis de l'arrivée d'un "être humain de taille moyenne habillé en vert".
"Je crois que je suis en train de faire une crise d'angoisse..."
Quant aux chiens domestiques, ils ne se contentent pas de remuer la queue quand ils sont heureux. Selon une étude italienne, relayée par la BBC (en anglais) en octobre 2013, ils ont la capacité de décoder le battement de la queue de leurs congénères. Ainsi, quand un chien remue la queue vers la gauche, cela signifie qu'ils sont anxieux. En somme, une façon de prévenir les autres qu'ils sont à la limite de la crise d'angoisse. A l'inverse, remuer la queue vers la droite est un bon signe : "Je ne sais pas ce que j'ai ce matin, mais j'ai une de ces patates", par exemple.
Pour savoir si les chiens étaient en mesure de décoder ces signaux, les chercheurs ont montré aux animaux des vidéos d'autres chiens, expliquait-on à l'époque. Lorsqu'apparaissait à l'écran une bête remuant la queue vers la gauche, le rythme cardiaque de l'animal spectateur s’accélérait et il semblait anxieux. Devant les séquences comportant des chiens remuant la queue vers la droite, les spectateurs restaient parfaitement détendus. Toutefois, le professeur Georgio Vallortigara "ne pense que les chiens communiquent intentionnellement entre eux de cette manière", mais qu'ils ont appris à reconnaître les situations dans lesquelles ils devaient être sur leurs gardes, nuance-t-il. Quant aux "hiiiiiiiiiiiii hiiiiiiiiiiiiii hiiiiiiiiiiiiiiii" de ce chien retrouvant sa maîtresse, viral depuis plusieurs jours, ils semblent traduire une joie un peu trop intense.
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