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: Reportage Le retour du loup en Bretagne : bon signe pour les uns, cauchemar pour les autres

La cohabitation entre l'homme et le loup est au cœur des Assises de la prédation, dans les Hautes-Alpes. La population de loups est estimée à près d'un millier, dans toute la France... jusqu'en Bretagne, où l'on ne l’avait plus vu depuis 100 ans.
Article rédigé par Agathe Mahuet
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Le loup du Finistère filmé par Emmanuel Holder, il y a un an. (EMMANUEL HOLDER)

Patrick Sastre-Coader a "200 brebis mères". Il élève depuis une dizaine d'années des brebis et des agneaux entre Crozon et les monts d'Arrée, à Dinéault. Mais depuis décembre, son troupeau a été visé cinq fois, "clairement par des attaques de loups", selon lui. Il a perdu près de 30 bêtes. À chaque animal consommé, "il y a vraiment toutes les caractéristiques d'attaques de loups", assure-t-il.

"La peau a été tirée en chaussettes, des os ont été broyés."

Patrick Sastre-Coader, éleveur dans le Finistère

à franceinfo

"Il faut avoir une mâchoire très puissante" pour produire de telles marques, conclut l’éleveur. Face à cela, Patrick Sastre-Coader n'est pas très satisfait des mesures de la préfecture du Finistère et de l'Office français de la biodiversité. Pour chaque attaque, il a monté un dossier et ironise sur la "terminologie sympathique" utilisée par l’OFB, "toujours très prudente", comme dans ce courrier reçu trois mois après une attaque dont il lit la fin : "conclut à un acte de prédation avéré n'excluant pas la responsabilité du loup". Il précise que "ça permet à l'éleveur que je suis de toucher une petite indemnité dont je me contrefous complètement". Il ne veut pas non plus du grillage ni des chiens de protection proposés et financés par l'État.

Patrick Sastre-Coader, éleveur à Dinéault dans le Finistère, a vécu depuis décembre cinq attaques sur son troupeau de brebis, et près de 30 bêtes sont mortes. Il est certain que le loup en est responsable. (AGATHE MAHUET / RADIO FRANCE)

Le loup n’avait pas été vu en Bretagne depuis un siècle. Or plusieurs apparitions ont été documentées dans le Finistère ces derniers mois. À une trentaine de kilomètres de Dinéault, le retour du loup fait aussi des heureux. "C'est beaucoup, beaucoup d'émotion", nous dit Emmanuel Holder, conservateur pour l'association naturaliste Bretagne vivante. "Ma vidéo du loup : c'est une belle bête", nous montre-t-il fièrement. Il avait été le premier, il y a un an, à filmer l'animal dans les monts d'Arrée grâce à un piège photographique.

 

"Tout de suite, la démarche de l'animal m'a intrigué". Il décrit "un animal qui flotte presque sur le sol, qui va droit". "J'étais seul au milieu de tout et de savoir qu'il y a eu un loup qui, une heure avant, était passé par là, ça fait quelque chose", lâche-t-il, encore tout ému de la presque rencontre. Emmanuel Holder voit en la présence du loup un bon signe pour la biodiversité. Cela montre que le loup a de quoi se nourrir, que la faune est riche.

"C’est beaucoup d’émotion", se souvient Emmanuel Holder qui avait capté la présence du loup dans les Monts d’Arrée au printemps 2022, grâce à un piège photographique. (AGATHE MAHUET / RADIO FRANCE)

Mais comment et pourquoi est-il venu jusqu'en Bretagne ? "Un loup peut parcourir plusieurs centaines de kilomètres avant de s'installer sur un nouveau site, explique Nicolas Jean, le référent loup à l'Observatoire français de la biodiversité. Même si elle est très excentrée par rapport aux populations actuelles de loups en France, la Bretagne n'est pas si éloignée des populations qui sont présentes dans l'Est", observe-t-il. Pour l'heure, l'OFB et la préfecture ne confirme la présence que d'un seul loup dans le Finistère et pointe sa possible responsabilité dans 17 attaques de troupeaux depuis l'an dernier.

La présence du loup en Bretagne : reportage d'Agathe Mahuet

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