: Reportage Dans les refuges SPA saturés, le coût prohibitif des soins peut freiner les adoptions : "Les vétérinaires jouent aussi un rôle important"
Chaque année, plus de 100 000 animaux sont abandonnés en France, avec un pic lors de la période estivale. Cette année, les adoptions, ralenties par l'inflation, n'arrivent pas à compenser le nombre d'abandons.
Il s’agite énergiquement derrière les barreaux de son box pour accueillir Ninon et les friandises qui emplissent ses mains. Largo, un Jack Russel de 5 ans, a été ramené il y a une semaine au refuge de Plaisir dans les Yvelines. Il y avait été adopté lorsqu’il n’était encore qu’un petit chiot.
"La personne ne l’a pas habitué à supporter l’absence et s’est mise au bout d’un certain temps à le laisser seul puisqu’elle a repris le travail, raconte la responsable du refuge. Le chien ne comprenant pas et n’ayant pas eu l’acclimatation progressive à ce changement, ne supportait pas une seconde d’absence."
Pour Ninon, la situation est symptomatique : selon elle, la raison première des abandons réside dans le manque d’éducation de la part des maîtres qui choisissent souvent le moment des grandes vacances pour se séparer de leur animal. "Depuis deux ans, on a été un petit peu préservé du fait du Covid, c’est-à-dire que les adoptions ne chutaient pas brutalement l'été contrairement à ce qui arrivait habituellement."
"En 2022, on repart sur un rythme habituel, avec juin et juillet qui ont été très faibles en adoptions et malgré tout une demande massive d’abandons."
Ninon Rueff, responsable du refugeà franceinfo
Chaque année, plus de 100 000 animaux sont abandonnés en France, avec à chaque fois un pic lors de la période estivale. D'après la Société protectrice des animaux, 12 000 abandons ont été décomptés depuis le début de l'été et ses 63 refuges sont saturés. Cette année, le phénomène est encore aggravé par l'inflation, l’abandon des chiens est en hausse de 6%. Et si, dans leur globalité les abandons sont moins nombreux qu'à l'accoutumée, les rares adoptions expliquent la saturation des refuges.
Résultat, au refuge de Plaisir, les capacités d’accueil sont pleines avec 100 chiens et 200 chats sur place. Angélique est agent animalier, elle fait partie de la vingtaine de personnes qui le font tourner au quotidien. La chaleur de l’été ajoute de la difficulté à la période. "Avec les chaleurs on s’adapte. On a des piscines, on leur fait des glaçons, on mouille les murs au maximum pour garder la fraîcheur mais c’est une période très compliquée", expose-t-elle.
La question du coût des soins
Au-delà de la période estivale, le coût parfois élevé des soins aux animaux fournit une autre explication, selon Stéphane Lamart, président de l’association du même nom de défense des animaux. Il dénonce des frais de vétérinaires souvent prohibitifs, qui ont tendance à augmenter chaque année. "Les vétérinaires jouent aussi un rôle important, aux animaux, à la protection animale et aux adoptants. "
Stériliser un chat c’est 300€, une chienne 500 à 600€, ça fait très cher pour un foyer.
Stéphane Lamart, président d'association pour la défense des droits des animauxà franceinfo
Le président de l’association milite pour que la stérilisation des animaux de compagnie soit déductible des impôts afin d’éviter leur surnatalité et donc de les protéger. Une stérilisation particulièrement utile pour les chats, puisqu’en quatre ans, un couple de chats peut avoir une descendance de 20 000 individus. Une chatte peut en effet avoir dès six mois, quatre à huit chatons par portée qui se reproduiront à leur tour etc. Ce qui explique ce chiffre, à première vue astronomique.
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