Plongeons acrobatiques, athlètes "olympiques" et "sauce gauloise" : comment le Parc Astérix a réinventé son spectacle aquatique sans les dauphins
En lançant sa nouvelle saison estivale le 14 juillet, le célèbre parc d'attraction gaulois a inauguré un spectaculaire concours de plongeon acrobatique au coeur du Théâtre de Poséïdon, qui accueillait encore il y a peu les dauphins. Et rien n'a été laissé au hasard.
Pas de doute : il faut avoir pris une bonne dose de potion magique pour relever le défi de sauter depuis un plongeoir haut de 25 mètres. Depuis le 14 juillet 2022, le Parc Astérix, à Plailly, dans l'Oise, a officiellement lancé sa nouvelle saison estivale "L'été gaulois", inaugurant au passage plusieurs nouveautés, tels que des horaires d'ouvertures d'ouvertures prolongées jusqu'à 22h, un défilé dans le parc ou encore, donc, le spectacle Les Plongeons de l'Olympe, au Théâtre de Poséïdon.
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C'est là que, depuis 1989, et l'ouverture du parc, se trouvaient les fameux dauphins du parc. Leur spectacle, qui a pris fin en 2021 après une vague de mobilisation précédant la loi contre la maltraitance animale de novembre 2021 imposant, notamment, aux delphinariums de se séparer de leurs cétacés d’ici 2026, était l'une des attractions phares du parc, et sans doute la plus applaudie par les familles en visite. "En quelques années seulement, les mentalités ont beaucoup changé autour de la conscience et le bien-être animal, décrypte Maxime Guény, directeur de la publication de Parcs et Loisirs Magazine. Le Parc Astérix avait ce spectacle culte, mais dans lequel le public, au fur et à mesure de temps, ne se reconnaissait plus. C'est un vrai basculement. Le monde a changé et les parcs d'attractions aussi : c'est en cela que le Parc Astérix s'est impliqué et a fait ce basculement, l'a presque anticipé. C'est un changement de paradigme", insiste-t-il.
Des athlètes de haut vol, dont une participante aux JO
Et ce nouveau spectacle est en passe de faire oublier ces vestiges d'un autre temps. Le paysage est rapidement planté : en l'honneur de Zeus, quatre athlètes venus de Rome défient quatre Grecs dans une compétition de plongeons. Les courageux enchaînent les figures toujours plus spectaculaires, pour finir, donc, par l'ultime épreuve à 25 mètres de hauteur. Et le parc l’assure, en quelques semaines, c’est un “hit” : “Les premiers retours sont excellents avec neuf visiteurs sur dix qui le recommandent, c'est la meilleure note pour un spectacle depuis trois ans".
"L'objectif des plongeons de l’Olympe est de proposer de la performance et de l'exception : nous ne sommes pas le seul parc à proposer ce type de show, mais nous sommes les seuls au monde à le faire à la sauce gauloise !", assure Hervé Bruneau. Le directeur Spectacles et Animations au Parc Astérix détaille le concept en quelques mots-clés : "Performance, irrévérence, différenciation dans le concept, de l'interaction, de l'humour et de beaux décors." Le casting lui aussi est particulièrement musclé : "Les plongeurs sont des athlètes qui ont fait ou font encore de la compétition à un très haut niveau pour la plupart, tels que les concours Red Bull Cliff Diving. L'une des athlètes a même participé aux Jeux olympiques en plongeon à 20 mètres. Ils sont de sept nationalités différentes : mexicaine, espagnole, brésilienne, biélorusse, roumaine, polonaise et française." Cette troupe de dix profils pour la saison - d’avril à début novembre, avec des déclinaisons en combinaison costumée - va assurer entre trois à cinq représentations par jour, dans cette arène de 3000 places.
Réduire les files d'attentes de 20 minutes
Et c’est un enjeu insoupçonné pour le parc, très apprécié par les amateurs de sensations fortes avec les Tonnerre 2 Zeus ou Goudurix : "C’est un moment-clé pour le parc. Ce spectacle, c’est plus de 10 000 personnes par jour. Et durant la représentation, on peut voir les files d'attentes de certaines attractions se réduire jusqu'à 20 minutes !", sourit Hervé Bruneau.
Mais, si c’est bien connu, Rome ne sait pas fait en un jour, ce spectacle unique, lui, presque. D’un coût de "moins d'un million d'euros" et tout droit inspiré d’Astérix aux Jeux olympiques, il a été monté en un temps record de quatre mois. "Nous avons débuté en janvier pour une mise en place en mai", détaille Hervé Bruneau. Cela a mobilisé une quarantaine de personnes au total, tous du parc, du “concept design au décors à la musique, les costumes, sans oublier la remise en état des gradins."
Car, c’est aussi cela qui est impressionnant : pour faire oublier le delphinarium, à la place du bassin, on retrouve donc une “minuscule” piscine de 10 mètres de large (et trois mètres de profondeur invisible du public), équipés de différentes plateformes avec des plongeoirs à 3, 8, 12 et 25 mètres. "Durant plus d'une année, qui correspond aux différentes fermetures dues au Covid, le théâtre de Poséidon a été totalement déserté, précise le directeur du spectacle. Nous avons dû nous réinventer. Mais nous n’avons pas oublié les dauphins."
"Nous les suivons, nous nous tenons évidemment au courant de leur développement"
Hervé Bruneau, du parc Astérixà franceinfo
Le parc Astérix précise avoir "des nouvelles régulièrement" des deux mâles qui vivent dans une "énorme lagune" à Kolmården, un delphinarium en Suède. "La fin des dauphins, orques ou encore otaries dans les parcs d'attractions, c'est la fin d'un modèle, explique pour sa part Maxime Guény. D'ailleurs, SeaWorld, qui était la référence de ce genre, s'est totalement transformé pour proposer des coasters, ces manèges à sensations.”
Une comédie musicale d'ici 2024
Et que réserve l'avenir ? Si l'avenir n'est évidemment plus aux animaux dans les parcs, le temps des robots a sonné. Disney, aux Etats-Unis, par exemple, propose des "animatronics", des robots plus vrais que les personnages de dessin animé qui prennent vie dans les spectacles pour le moment, comme l'étonnant “robot cascadeur” Spiderman.
La firme américaine planche ainsi depuis plusieurs années sur quelques pistes pour remplacer ses personnages, qui viennent à la rencontre des visiteurs ou saluant les enfants. D’ailleurs, pour Maxime Guény, c'est bien le maître-mot : la technologie sera de plus en plus au coeur des parcs d'attraction : "Il suffit de regarder ce que fait le cinéma, comme Le Roi Lion, par exemple, qui offre un film sur des animaux... sans aucun animal, uniquement avec des images de synthèse. On peut donc imaginer un voyage plus vrai que nature uniquement avec la technologie."
Pourtant, le parc Astérix, lui, est bien ancré dans la réalité et mise plus que jamais sur son savoir-faire. Si Hervé Bruneau reste discret, il confie que "Les Plongeons de l'Olympe" devraient d'ici peu évoluer en un autre spectacle - qui pourrait ainsi prendre la forme d'un “Water show” comme il en existe dans des parcs américains, notamment. Et d'ici deux ans, le fameux village gaulois va continuer de s'étendre : dès cet hiver 2022, la saison d'Halloween verra l'ouverture d'une nouvelle zone dédiée, avec spectacles, danse... avant de se transformer en dancefloor avec DJ sets et artistes la nuit. 2023 va voir la naissance d'une nouvelle attraction à sensation "unique au monde" : le mystérieux "Toutatis". Avant la naissance, cette fois, d'ici 2024, de la toute première comédie musicale Astérix. "Une vraie belle proposition" assure-t-on chez les Gaulois.
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