Ils n'étaient plus "des saltimbanques mais des tortionnaires" : le cirque Bouglione lance son éco-cirque sans animaux
"On a vu le regard du public changer" raconte Sandrine Bouglione, qui dirige aujourd'hui avec entre autres son mari, un éco-cirque, sans exploitation animale.
Un grand nom du cirque français menacé de disparaître : le cirque Pinder a été placé en liquidation judiciaire le 2 mai 2018. Son propriétaire Gilbert Edelstein se dit victime de la crise, de la peur des attentats, mais aussi des rythmes scolaires et du désintérêt du public, qui boude de plus en plus les spectacles avec des animaux sauvages en captivité.
Ce constat, le cirque Joseph Bouglione l’a dressé il y a quasiment un an. La troupe a décidé de cesser de se produire avec des animaux pour aller vers un éco-cirque : son dernier spectacle intitulé L’étrange cabaret magique se joue sans exploitation animale... sauf un : un poisson rouge !
Devenus "des tortionnaires" pour le public
Terminé le temps où André-Joseph Bouglione, petit-fils de l'un des fondateurs du célèbre cirque, posait pour la télévision avec un bébé tigre dans les bras. L'an dernier, la troupe a donc décidé de sauter le pas : plus d'animaux dans les spectacles. Un coup de tonnerre dans le milieu : "on défendait notre métier avec une ardeur extraordinaire, mais on a vu le regard du public changer." Pour elle, le public se disait : "ce ne sont plus des saltimbanques mais des tortionnaires."
La présence de l’animal en captivité à vie, ce sont des valeurs que les gens ne voulaient plus transmettre à leurs enfants
Sandrine Bouglionefranceinfo
Une remise en question était nécessaire selon Sandrine, qui a aussi constaté un retrait des écoles : "quand on voit que le cirque Pinder se plaint des quatre jours et demi d’école, ça n’est pas vrai. Lorsqu'on contacte les écoles, beaucoup de maitresses ne veulent plus transmettre ces valeurs-là aux enfants."
De mauvaises pratiques qui salissent les cirques
Pour Sandrine Bouglione, le cirque traditionnel doit évoluer, et rompre avec des pratiques qui rendent les cirques indésirables dans certaines villes aujourd'hui : "beaucoup de petits cirques manquent de force. Il faut savoir qu’il faut trois semaines pour déloger un cirque qui s'est implanté illégalement. Je pense que les grands cirques n’ont pas su faire le ménage pour faire en sorte que ce genre de pratiques ne se fassent pas, et aujourd’hui ils en payent le prix. Le public est en train de bouder le cirque à cause d'agissements illégaux... C’est impensable."
Voir un animal attaché sur un rond point ou sur un panneau de signalisation pour annoncer un cirque en ville, c’est abominable
Sandrine Bouglionefranceinfo
Le cirque Joseph Bouglione va donc se lancer dans un éco-cirque. Les costumes seront en fibres végétales uniquement. Il n'y aura même plus le poisson rouge : "il est à la retraite !"
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