Vrai ou faux Législatives 2024 : le Nouveau Front populaire libérera-t-il 16 000 prisonniers s’il arrive au pouvoir, comme l'affirme un maire LR ?

Le programme du Nouveau Front populaire ne mentionne pas cette mesure. L'alliance de la gauche souhaite toutefois bien "changer d'approche" sur les incarcérations en France.
Article rédigé par Léa Deseille
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 4min
L'entrée de la prison de Fleury-Mérogis (Essonne), le 5 août 2022. (BERTRAND GUAY / AFP)

Après avoir surpassé les difficultés pour s'unir, les partis de gauche ont dévoilé le programme du Nouveau Front populaire, mercredi 19 juin. Le lendemain, Alexandre Avril, maire de Salbris (Loir-et-Cher) et conseiller régional Les Républicains (LR) du Centre-Val de Loire, était invité sur Europe 1. Dans la nouvelle émission de Cyril Hanouna, l'élu, soutien d'Eric Ciotti, a exprimé son inquiétude face au programme de l'alliance de gauche. "Je n'ai pas dormi de la nuit", confie-t-il à l'animateur, avant de préciser les raisons de cette insomnie : "J'ai lu le programme du Nouveau Front populaire." L'édile a assuré que "16 000 détenus en surpopulation carcérale pourraient être remis en liberté", si la gauche remportait les élections législatives. Un chiffre qui a provoqué de vives réactions sur X. Dit-il vrai ou faux ? 

D'après Alexandre Avril, la libération de milliers de prisonniers dans les prochaines semaines est inscrite dans le programme du Nouveau Front populaire (PDF). Pourtant, dans celui-ci, aucune trace des 16 000 libérations : "Agir contre la surpopulation carcérale, assurer des conditions dignes de détention et donner les moyens à l’administration pénitentiaire et judiciaire de réaliser sa mission en toute sécurité", est-il indiqué. Elle est d'ailleurs la seule mention concernant le milieu pénitentiaire dans l'intégralité du programme.  

"Agir contre la surpopulation carcérale"

Contacté à ce propos, Alexandre Avril a détaillé son argumentaire auprès de franceinfo. D'abord, il a expliqué son calcul. D'après lui, les 16 000 détenus représentent le nombre de détenus en surnombre au 1er avril 2024. "En réalité, ce chiffre est sans doute supérieur", a-t-il jugé.  Selon les données du ministère de l'Intérieur, sur les 77 647 détenus incarcérés au 1er mai 2024, 18 318 étaient considérés "en surnombre", contre 15 567 en mai 2023. Le maire de Salbris a reconnu que cela n'est pas indiqué en ces termes dans le programme du Nouveau Front populaire. Mais pour lui, il n'existe que trois moyens d'agir contre la surpopulation carcérale, "construire des prisons", "expulser des étrangers dans les prisons", ou "mettre en place la régulation carcérale". Cette dernière se trouvant "au cœur du programme de gauche depuis longtemps", elle serait, selon lui, la solution privilégiée par le Nouveau Front populaire.  

La régulation carcérale est définie comme "différents mécanismes visant à limiter le nombre de détenus incarcérés afin de ne pas excéder les capacités d'accueil des établissements pénitentiaires", selon un rapport de la Cour des comptes (PDF), publié en octobre 2023. Celle-ci peut prendre plusieurs formes, mais est plus qu'un "numerus clausus" selon la Cour des comptes. D'après le maire de Salbris, en cas de victoire, l'alliance des gauches appliquera donc ce principe. 

"Proposer des peines alternatives"

Joint par franceinfo, Aminata Niakaté, porte-parole des Ecologistes-EELV, temporise. "Il ne s'agit pas de libérer des détenus de manière fantasmée, mais plutôt de proposer en amont de la détention des peines alternatives à la prison et pendant la détention des aménagements pour les personnes prêtes à être réinsérées."

De son côté, La France insoumise a également assuré auprès de franceinfo qu'il n'était "pas question de libérer 16 000 prisonniers d'un coup en arrivant au pouvoir, mais de refonder la politique pénale". Le programme du Nouveau Front populaire veut une fracture face à la politique pénale française considérée comme un échec par les partis. "Le tout répressif n'a jamais fonctionné (...) nous voulons changer d'approche", a expliqué Aminata Niakaté.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.