De plus grands aéroports, c’est ce que le projet de loi pour le climat (article 37) devait empêcher. Sauf qu’en réalité, les extensions prévues pour les prochaines années pourront bien avoir lieu. C'est par exemple le cas de l’aéroport de Lille. Avec un investissement de 170 millions d’euros, le projet prévoit une plus grande aérogare, de nouveaux stationnements et des projets immobiliers.Selon le président du syndicat des aéroports de Lille et Merville, Christope Coulon, il s'agit de répondre au doublement du nombre de passagers prévu d’ici 20 ans : "Naturellement, nous cheminons vers 3,9 millions de passagers, mais le premier objectif c’est de moderniser l’infrastructure et d’éviter sa saturation".Une vision, qui d’après Stéphane Baly, élu écologiste de la métropole lilloise contredit l’objectif de lutte contre le réchauffement climatique : "Cette extension est climaticide. Ce qu’il faut, c’est impérativement réduire de moitié nos émissions de gaz à effet de serre dans les dix prochaines années, donc ce n'est pas en développant des projets de ce type qu’on y parviendra !"Une extension permise par une subtilité du projet de loi climat qui n’interdit les agrandissements qu’en cas d’expropriation. Or, comme à Lille, beaucoup d’aéroports ont assez de terrain pour s’agrandir sans avoir à en racheter. C’est le même cas pour six projets d’extension recensés par une association écologiste. Agathe Bounfour, chargée de plaidoyer au réseau action climat juge cette loi au rabais : "Le gouvernement avait l’occasion via ce texte de loi d’inscrire une interdiction stricte d’augmentation des capacités des aéroports. Le gouvernement a refusé de le faire malgré les alertes des ONG, des citoyens, et a choisi d’avancer via une loi extrêmement faible."Le gouvernement rappelle qu’il a mis un terme au projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes et à l’agrandissement de Roissy-Charles-de-Gaulle. Il nous a d’ailleurs envoyé une liste d’aéroports dont l’extension serait bloquée par la future loi. Contactés, la moitié d’entre eux dit n’avoir aucun projet d’agrandissement dans l’immédiat. Le ministère rappelle également qu’il a inscrit dans la loi (article 38) l’obligation pour les compagnies aériennes de compenser les émissions de gaz à effet de serre pour tous les vols intérieurs.