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Violences faites aux femmes : "Il n'y a pas la volonté politique à la hauteur du fléau", dénonce Andréa Bescond

Pour l'actrice-réalisatrice, "il est temps que la société politique s'empare clairement du sujet" des violences faites aux femmes.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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L'actrice-réalisatrice Andrea Bescond au festival de Cannes en 2018. (P.BAR / MAXPPP)

"On ne prend pas nos responsabilités, il n'y a pas la volonté politique à la hauteur du fléau", a dénoncé vendredi 25 novembre sur franceinfo Andréa Bescond, actrice notamment dans Les Chatouilles, réalisatrice, autrice, militante féministe, à l'occasion de la Journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes. "Mais il est temps que la société politique s'empare clairement du sujet", comme ça se fait en Espagne "qui est un modèle à suivre".

franceinfo : Est-ce que vous avez le sentiment que la prise de conscience sur les violences faites aux femmes a beaucoup progressé en France ?

Andréa Bescond : #MeeToo c'était il y a cinq ans. Evidemment, il y a quand même des répercussions sur la société civile. On voit que les gens ouvrent les yeux sur ce fléau, même si aujourd'hui, pour l'instant, on ne prend pas nos responsabilités. La société des adultes en l'occurrence. Je milite aussi beaucoup pour les droits des enfants, sur les violences faites aux enfants, et aussi [pour les droits] des femmes. Et tout ça est lié.

"Pour l'instant, il n'y a pas la volonté politique qu'on désire, qu'on demande, si on prend par exemple le modèle espagnol qui est très efficace pour lutter contre les violences en règle générale."

Andréa Bescond, réalisatrice

à franceinfo

Vous dites qu'il n'y a pas la volonté de le faire en France, malgré les discours politiques, malgré les assurances répétées de la part des responsables politiques ?

Personnellement, j'ai essayé d'aborder tous les politiques à ce sujet pendant des années. Je ne peux pas vous cacher que j'ai été extrêmement déçue de la prise en charge. Non, il n'y a pas de volonté pour l'instant, il n'y a pas de déclic. En effet, les victimes s'emparent de l'espace public par leurs témoignages et c'est extrêmement important puisque tout le monde n'est pas encore prêt à parler, à révéler les viols, les agressions. Et donc il faut laisser ce temps-là.

Il y a un temps de l'urgence puisqu'aujourd'hui, au moment où je vous parle par exemple sur les violences faites aux enfants, ce sont 18 enfants qui sont violés chaque heure en France, 435 par jour, 160 000 par an. C'est un enfant sur cinq. C'est pareil pour les violences faites aux femmes : 0,6% des auteurs de viol sont condamnés, ce sont des choses qui auraient dû changer considérablement depuis #MeeToo. Mais il est temps que la société politique s'empare clairement du sujet.

Le gouvernement a fait des annonces, notamment en mobilisant des sommes d'argent pour lutter contre ces violences faites aux femmes ?

Monsieur Macron dit qu'il y a eu 2,4 milliards d'euros dépensés contre les violences. Mais pour l'instant on n'en voit pas du tout le résultat puisqu'on continue à avoir énormément de classements sans suite dans les plaintes, les femmes déposent plainte mais sont humiliées dans la foulée, vous êtes au courant quand même que malgré cinq six, des fois dix témoignages, il y a des classements sans suite. Donc la parole de la femme et celle de l'enfant est aussi bafouée. Toujours en France cinq ans après #MeeToo.

La prévention aurait dû être mise en place dès le début, c'est-à-dire qu'on a eu par exemple le hashtag #MeeTooInceste qui était complètement inédit. En est le seul pays à avoir eu 100 000 témoignages d'incestes sur Twitter. C'est vraiment inédit et quelque part, la révolte a été étouffée dans l'œuf, c'est-à-dire qu'il y a eu des lois qui ont été votées, qui ne sont pas du tout à la hauteur du fléau de l'inceste et de la pédocriminalité par exemple.

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