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Vidéo Conversation avec Christiane Taubira

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VIDEO. Conversation avec Christiane Taubira
Article rédigé par Brut.
France Télévisions

Le patriarcat, son rôle à la présidentielle 2022... Brut s'est entretenu avec Christiane Taubira.

Vous serez candidate en 2022 ? 

"C'est vraiment la question la plus difficile de ma vie. Il y a un an, j'aurais déjà pu dire : "Non, je ne suis pas candidate, arrêtez tout ça." Ce que je peux dire, c'est que je prends la politique extrêmement au sérieux. Je pense que la situation politique est extrêmement inquiétante et exigeante en ce moment. Et ce qu'elle exige, ce n'est pas simplement "Ah, moi aussi j’y vais."

Elle exige que celles et ceux qui prétendent exercer le pouvoir se donnent à la fois le temps et les moyens et s'imposent les efforts pour apporter des réponses qui conviennent à la période actuelle. Elle est très inquiétante sur le plan national, beaucoup plus sur le plan européen, très angoissante sur le plan mondial et ça ne se fait pas avec des clichés, avec des réponses toutes faites, avec des analyses éculées. Et quelles que soient les qualités individuelles, y compris les miennes, ce ne sont pas des choses qui sortent de la tête d’une personne ou d’une petite équipe. Ce n’est pas à la hauteur.” 

Quel est votre point de vue sur la question de la violence faite aux femmes ?

"Il n'est pas impossible de protéger les femmes. Simplement, il faut prendre le problème par ses différents bons bouts. Si seulement notre génération se débarrassait du sentiment de honte qui travaille les femmes lorsqu'elles sont frappées. Elles ont honte et préfèrent donc mentir. Mais il ne suffit pas de porter plainte. Moi-même, j'ai fait une circulaire pour demander que toutes les plaintes fassent l'objet d'une transmission au procureur de la République, qu'on ne se contente plus des mains courantes. Mais à quoi sert la plainte si on n’a pas de solution pour accueillir les femmes, si l'on ne réfléchit pas au fait que les enfants, peut-être, seront obligés de changer d'école ? Il y a toute une série de conséquences.

Si par exemple, on améliore l’accueil dans les commissariats ou les gendarmeries, si on facilite l'accès à un hébergement, on a apporté une réponse supplémentaire, mais on n'a pas tout apporté. S'il y a l'hébergement mais qu'il n'y a pas l'autonomie économique parce que la personne est hébergée dans un lieu lointain, quelle est sa situation ? Si elle avait déjà un emploi, est-ce qu'elle peut le conserver ? Il faut répondre à tout cela."

La métropole et les Outre-mer sont-ils traités différemment face à la crise du Covid ?

"Il y a deux réalités [sur le territoire français] dans le domaine de la santé publique, de l'éducation, de l'accès à l'emploi, des libertés ordinaires, des potentialités mises au service de la jeunesse. Ce sont des territoires, des départements depuis 1946. Il faut par exemple savoir que le Smic n'a été aligné qu'au début des années 2000 dans les territoires et départements d'Outre-mer. Il y a des éléments tout à fait tangibles qui prouvent qu'il y a des rythmes d'application de la loi qui sont différents. Et de toute façon, c'est plus loin, ça râle moins, quand ça râle, ça dérange moins, donc c'est moins efficace."

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