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"Il me frappait parce que je ne voulais pas coucher avec lui" : les signalements pour viol conjugal en forte augmentation

C'est un des tabous mis en lumière à l'occasion de la journée internationale contre les violences faites aux femmes : les signalements pour viol conjugal ont bondi de 73% en un an entre 2020 et 2021.

Article rédigé par franceinfo - Willy Moreau
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
La marche du collectif  #Nous toutes, contre les violences faites aux femmes, à Paris samedi 20 novembre 2021. (SADAK SOUICI / MAXPPP)

Il a fallu 19 ans à Myriam pour mettre un mot sur les violences de son mari. "Je ne savais pas que c'était du viol, confie Myriam, Moi dans ma tête, c'était son truc le sexe. C'était son droit et il fallait obéir."

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Pourtant cette quadragénaire, mère de six enfants installée aujourd'hui à Marseille, a vécu un enfer. "Il me frappait parce que je ne voulais pas coucher avec lui", raconte Myriam. "Coucher avec lui trois fois par nuit ce n'est pas normal, ajoute la mère de famille, c'était du sexe violent. Je n'avais pas le droit de dire que je suis fatiguée ou que je n'ai pas envie." 

"Je lui faisais plaisir parce que j'avais peur que si je ne lui donne pas ce qu'il veut ça se retourne contre les enfants. Ça m'a tuée de l'intérieur. Je ne ressentais plus rien".

Myriam, victime de violences conjugales

à franceinfo

Myriam n'a pas eu le courage mais le "déclic", dit-elle, d'oser en parler. Elle a quitté son mari l'année dernière. Depuis elle a porté plainte. C'est le cas de 70% des victimes qui ont signalé des viols conjugaux au 3919, le numéro national pour les femmes victimes de violence. Le viol reste la première violence sexuelle au sein du couple. 

"Une relation non consentie est un viol"    

Les signalements sont en hausse d'année en année. Les femmes, comme Myriam, osent témoigner. "Évidemment que les violences sexuelles dans le couple restaient un tabou. Aujourd'hui, les femmes en parlent de plus en plus, constate Françoise Brié, la présidente de la Fédération nationale solidarité femmes. "En sachant qu'on a toujours dans les stéréotypes sexistes qui circulent, rappelle-t-elle, la question du devoir conjugal donc il faut aussi rappeler qu'une relation non consentie est un viol. C'est aussi valable dans le cadre conjugal."

Une prise de conscience longue pour les victimes. Le viol conjugal n'est reconnu par la justice que depuis une trentaine d'années. Le 3919, numéro d'appel dédié aux femmes victimes de violences, est disponible 24h/24 et sept jours sur sept. Il est gratuit et n'apparaît pas sur les factures téléphoniques.

Le viol reste la première violence sexuelle au sein du couple : le reportage de Willy Moreau

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