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Affaire PPDA : malgré le feu vert de la justice, l'auteur d'un livre-enquête accepte d'anonymiser un témoignage et d'amender les futurs exemplaires

L'une des femmes qui accuse PPDA de viol, citée dans le livre de Romain Verley, estime que son témoignage a été repris sans son consentement. 

Article rédigé par franceinfo - avec France Inter
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Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Le journaliste Romain Verley, auteur de PPDA, Le prince noir, pubié aux éditions Fayard, le 6 février 2023.  (OLIVIER LEJEUNE / MAXPPP)

Romain Verley - auteur du livre PPDA, Le prince noir publié mercredi chez Fayard - et son éditrice, ont décidé d'anonymiser le témoignage d'une plaignante dans l'affaire PPDA en cas de réimpression du livre, rapporte jeudi 9 février France Inter. C'est d'ores et déjà le cas de 5 000 nouveaux exemplaires qui ont donc été amendés.

>> Affaire PPDA : les investigations étendues aux faits a priori prescrits dénoncés par Florence Porcel 

La femme qui accuse PPDA de viol et qui souhaite rester anonyme avait déjà témoigné auprès de Médiapart à visage découvert pour affirmer qu'elle avait été violée par Patrick Poivre d'Arvor. Elle n'avait en revanche pas raconté les détails de cette agression. Le contenu de son audition devant les enquêteurs ainsi que son nom - qui apparaissent dans le livre - ont donc été repris - selon elle - sans son consentement.

Des méthodes que plusieurs femmes, également citées dans le livre, dénoncent. Elles réclament le respect de l'anonymat. Selon elles, l'auteur a "violé" leur "consentement" en publiant des récits de violence sans leur autorisation.

C'est le cas d'Hélène Devynck, une journaliste qui a porté plainte pour "viol" contre l'ancien présentateur du JT. Elle ne conteste pas le projet du livre mais questionne les méthodes employées par l'auteur. Elle dénonce notamment le fait que le contenu de cette audition (mentionnée plus haut) - effectuée dans le cadre de l'enquête - puisse se retrouver dans l'ouvrage et être lu publiquement sans l'accord de la personne concernée. Selon elle, Romain Verley "a utilisé des témoignages qu'on a faits ailleurs, ou devant la justice, ou devant la presse, sans nous demander notre avis".

"Atteinte à l'intimité de la vie privée"  

Comme l'a révélé Le Parisien, la plaignante qui souhaite rester anonyme a saisi la justice mardi 7 février, la veille de la publication du livre, pour "atteinte à l'intimité de sa vie privée" et demandant "la suppression des extraits qui la concernent, sous astreinte de 500 euros par jour de retard", par une procédure en référé. Une demande qui n'a pas été entendue par la justice puisque la publication du livre tel quel a été autorisée et les ouvrages imprimés à 20 000 exemplaires. Les juges ont estimé que "les informations en cause participent à l'information du public et sont dès lors susceptibles d'autoriser, compte tenu de l'intérêt général s'attachant au sujet traité, le journaliste à en faire état, nonobstant l'absence d'autorisation en ce sens de la demanderesse."

Contacté par France Inter, l'auteur, Romain Verley, rappelle que la justice lui a donné raison. Avec son éditrice, il a toutefois décidé d'anonymiser le témoignage en question en cas de réimpression du livre. C'est d'ores et déjà le cas de 5 000 nouveaux exemplaires.

Le livre de 400 pages revient sur un an et demi d'investigations autour de l'ancien présentateur du JT de TF1 visé par deux enquêtes judiciaires à Nanterre. Plusieurs dizaines de femmes ont témoigné et 23 ont porté plainte dont 12 pour viol. Des accusations que PPDA nie. Il a d'ailleurs porté plainte contre 16 femmes pour "dénonciations calomnieuses."

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