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Violences faites aux femmes : un téléphone d’urgence pour les victimes

Le 25 novembre est la journée de lutte contre les violences faites aux femmes. En France, une femme meurt tous les deux jours et demi sous les coups de son compagnon ou ex-compagnon. A partir du 1er décembre, un téléphone d’urgence équipé d’un bouton d’alerte sera proposé à celles que la justice estime en danger.
Article rédigé par Mathilde Lemaire
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
  (Le samedi 22 novembre, des milliers de personnes ont défilé à Paris contre les violences faites aux femmes. © Maxppp)

Le dispositif vient d’Espagne : un téléphone avec un bouton spécial à tirer au cas où l’homme violent brave une interdiction légale d’entrer en contact avec son ex-compagne. Une fois le bouton actionné, une plateforme de téléassistance reçoit l’appel, le localise et sollicite immédiatement la police.  A partir du 1er décembre, le dispositif sera mis en service partout en France. Il a déjà été testé dans treize départements français, dont la Seine-Saint-Denis où l'expérience a débuté il y a cinq ans. 

"Un téléphone pour femmes en danger" : le reportage de Mathilde Lemaire

Au total, plus de 300 femmes ont déjà bénéficié de ce "téléphone grand danger". Le gouvernement compte déployer plus de 500 exemplaires de ces téléphones d’alerte au service de la protection des femmes victimes de violence. Ils seront accordés par le procureur de la République après évaluation du danger encouru. Ce déploiement fait partie du plan interministériel de lutte contre les violences faites aux femmes (2014-2016) qui prévoit aussi le développement de dispositifs pour faciliter les dépôts de plainte, 1650 solutions d'hébergement d'urgence supplémentaires d'ici 2017, ou un meilleur accueil des femmes étrangères fuyant les violences.

Des violences invisibles

Si les violences physiques sont les plus fréquentes et les plus facilement détectables, la violence envers les femmes peut aussi être psychologique. Des insultes, du harcèlement, des comportements visant à dévaloriser l’autre afin de le contrôler. Peu visibles de l’extérieur, ces violences génèrent une souffrance réelle chez les victimes et peuvent même les pousser à la dépression ou au suicide.

"Ça se passe par petites touches"

Mathilde, 41 ans, habite en presqu'île guérandaise. Elle est mère d'une enfant de 5 ans qu'elle a eu avec un homme marié.  Mathilde n’a jamais été frappée mais a compris, alors qu'elle n'était plus avec son compagnon, qu'elle était victime de violences psychologiques depuis 9 ans. Des violences qui continuent malgré la rupture. "On a du mal à l’admettre au début mais en lisant des ouvrages, on s’aperçoit que ces comportements visent à nous dénigrer. En fait ça se passe par petites touches, ce ne sont pas forcément des gros mots. Le pervers narcissique cherche à vous épuiser en vous dévalorisant systématiquement"  explique Mathilde.

Mathilde 41 ans, victime de violences psychologiques "Au début, on a du mal à l'admettre" (au micro d'Anne Patinec, France Bleu Loire Océan)

Chaque année, plus de 216.000 femmes sont victimes des violences de leur partenaire. 16% seulement portent plainte. Par ailleurs, 86 000 femmes disent avoir été victimes de viol ou de tentatives de viol. Une sur dix porte plainte, selon le ministère des Affaires sociales et des Droits des Femmes. Ce phénomène, en plus de briser des vies, a un coût pour la France estimé à 3,6 milliards d’euros par an en aide sociale, en soins, mais aussi en perte de capacité de production.  

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