: Vidéo "13h15". "En uniforme, je ne suis pas là pour être belle", dit une gendarme
Elsa, 27 ans, commande depuis trois ans un peloton d’élite de la gendarmerie mobile. Sa mission est d’intervenir sur le terrain à la tête de ses hommes. En opération, la jeune lieutenante se heurte parfois aux préjugés sexistes… Extrait du magazine "13h15".
Elsa est sortie deuxième de sa promotion de Saint-Cyr, l’école des officiers de l’armée de terre. La jeune lieutenante a pris le commandement il y a trois ans d’un peloton d’élite de la gendarmerie mobile, dite "la jaune". Cet hiver, pendant quatre mois, la militaire et ses hommes ont été détachés pour sécuriser Courchevel, en Savoie. Ce jour-là, en civil dans la station de sports d'hiver la plus huppée d’Europe, Elsa parle de son métier et du fait d’être une femme dont la mission est d’intervenir sur le terrain.
"C’est sûr que je me sens plus belle en civil… Quand je suis en uniforme, je ne suis pas là pour être belle, mais pour imposer la force. Si je devais être toute maquillée et manucurée en uniforme, cela aurait un impact psychologique. Plus je suis féminine en uniforme, et moins les hommes en face me respectent. Si j’ai une mèche qui dépasse un peu ou que je suis maquillée, on voit que les gens en face considèrent que je suis une minette. Quand je leur dis ce qui ne va pas, ils peuvent me dire : 'Ma belle, tu ne nous fais pas peur'."
"Va-t-elle pouvoir nous suivre, courir aussi vite, porter le matériel ?"
La gendarme, parfois confrontée dans l’exercice de son métier à ce type d’attitude, témoigne : "Ça m’énerve profondément parce que c’est une façon de rabaisser l’autorité de l’autre. Je suis jeune, alors quand il faut rappeler à l’ordre un homme de 40 ou 50 ans, il n’a pas trop envie de se faire faire la morale par une jeune fille de 27 ans. Avec ceux qui ne m’écoutent pas, il suffit de hausser un peu la voix et ça marche mieux."
Quant à ses rapports avec ses collègues masculins : "Quand on arrive comme chef dans un escadron où il n’y a pas de femme, il faut faire ses preuves. Au début, il y a toujours la petite crainte de se dire : 'Va-t-elle pouvoir nous suivre, courir aussi vite, porter le matériel ?' Je dois être capable d’avoir une crédibilité dans mon commandement et d’être à la hauteur de leurs attentes, de ce qu’on demande à un peloton d’intervention. Je ne peux pas leur demander d’être au top si je ne le suis pas moi-même."
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