Victime de discrimination, un policier saisit la Halde

Il n'en démord pas. C'est à cause de son nom et de ses origines qu'il a été éliminé de concours d'officier de police. Abdeljalel El Haddioui a saisi la Haute autorité de lutte contre les discriminations et pour l'égalité, la Halde. Et lancé un appel au président de la République.

L'affaire n'est pas si commune : qu'un fonctionnaire, qui plus est policier, s'estime victime de discrimination. Mais manifestement, les questions posées lors de l'entretien ont franchi la ligne jaune. “Faites-vous le ramadan?” “Votre femme porte-t-elle le voile?” “Votre avis sur la corruption des fonctionnaires de police marocains?” Un entretien “hors du commun”, juge le candidat : “est-ce qu'on a demandé aux autres s'ils fêtaient Noël ou la Toussaint, et ce qu'ils pensaient de la discrimination positive ?”

Abdeljalel El Haddioui a eu 4/20 à l'épreuve, une note éliminatoire. Pourtant, aux six autres épreuves, il était largement au-dessus de la moyenne. Il lui aurait même suffi d'un 8,6 pour être reçu.

La Halde n'a pas traîné. Elle a adressé mardi une “demande d'information” au ministère de l'Intérieur, où “une réponse est en préparation”.
_ “Dans ce type de dossiers, la difficulté est d'établir la preuve”, prévient déjà la Halde. Si l'entretien s'est déroulé comme l'affirme le policier, il illustre en tout cas une dérive dénoncée fin 2004 par Azouz Begag. Dans un rapport transmis au ministre de l'Intérieur, le sociologue (qui n'était pas encore ministre délégué à l'égalité des chances) déplorait les
questions “tendancieuses” créant “une ethnicisation implicite”, fréquemment posées aux jeunes issus de l'immigration voulant devenir gardien de la paix ou adjoint de sécurité.

Abdeljalel El Haddioui ne compte pas en rester là. Dans les jours en venir, il déposera un recours en référé devant le tribunal administratif, soutenu par le Mrap. Il a aussi décidé de repostuler au concours d'officier. Et aussi, par défi, à celui de commissaire.