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Université de Toulon : vrai trafic pour faux diplômes

2.700 euros le faux diplôme. C’est cher. Mais c’est ce que des étudiants chinois de l’université de Toulon étaient prêts à débourser pour repartir leur diplôme en poche. Révélée par le journal Le Monde daté de demain, l’information a été confirmée par la ministre de l’Enseignement supérieur Valérie Pécresse qui a annoncé l’ouverture d’une enquête administrative. D'autres universités pourraient être concernées par la fraude.
Article rédigé par franceinfo
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Hasard ou coïncidence ? En 2008 100% des étudiants chinois inscrits en master d’entreprenariat à l’université de Toulon ont obtenu leur diplôme. A l’inverse, seulement 90% des Français ont réussi leur année. Surprenant. Il aura quand même fallu attendre près de cinq années pour découvrir le pot aux roses.

C’est Le Monde qui révèle l’affaire dans son édition datée du jeudi 16 avril : plusieurs centaines d'étudiants chinois, inscrits à l'Institut d'administration des entreprises (IAE) de l'université de Toulon, auraient versé de l'argent pour se payer des diplômes. 2.700 euros en moyenne pour valider ses acquis. “Mais les prix peuvent varier” confie une source proche du dossier dans les colonnes du quotidien du soir.

Pierre Gensse, le directeur de l'IAE reconnait dans un communiqué adressé à ses étudiants que plusieurs élèves chinois sont venus lui proposer de l'argent en échange d'un diplôme. L'un d'eux lui aurait même proposé 100 000 euros en échange d’une soixantaine de diplômes pour ses concitoyens. (lire ci-dessous) .

Pour sa part, le vice-président de l'université de Toulon, Pierre Sanz de Alba, dit avoir “beaucoup de difficultés à imaginer ce genre de choses”, les diplômes étant délivrés après décision collégiale.

Une information judiciaire pour “corruption passive et active, et escroquerie” a été ouverte par le parquet de Marseille après qu'un professeur de l’établissement mis en cause, eut déposé une plainte le 26 mars dernier.

Et cette histoire de corruption d’un nouveau genre prend de l’ampleur. Confirmant l’information, la ministre de l’Enseignement supérieur Valérie Pécresse a annoncé avoir demandé une enquête administrative sur les conditions de délivrance des diplômes, “en particulier aux étudiants étrangers”. Un premier rapport devrait lui être remis dans les dix jours.

D'autres universités suspectées ?

Si des pratiques délictueuses étaient avérées dans d'autres universités, la ministre prendrait de la même manière les mesures qui s'imposent sur la base des recommandations de la mission d'inspection, indique un communiqué du ministère alors que Le Monde évoque une “possible fraude” dans les universités de Pau, La Rochelle, Poitiers et en région parisienne. Un trafic similaire dans ces universités, également évoqué par le procureur de la République de Marseille, Jacques Dallest.

Totalement impossible leur répond Jean Jacques Rigal, le directeur de l'Institut d'Administration des Entreprises de Pau. Pour lui, pas de doutes, “sur le plan moral, comme sur le plan technique”, ce genre de pratiques ne peut avoir lieu.

À Toulon, les enquêteurs de la brigade financière de la cité phocéenne et de la police judiciaire ont perquisitionné les locaux de l'IAE. Chaque copie d'étudiant chinois est passée à la loupe. “Ils ont embarqué toutes les copies d'examen des étudiants chinois des quatre dernières années”, a indiqué au Monde Pierre Sanz de Alba, le vice-président de l'université. Et d'ajouter : "Ils sont repartis avec une dizaine de cartons remplis de copies."

Selon Le Monde, l’affaire “est née au cours de l'année 2004-2005”, mais les autorités judiciaires et universitaires n’ont été alertées que fin 2008. C’est la main courante déposée par deux étudiants chinois qui aurait jeté le doute sur les modalités de délivrance des diplômes et laissé pensé à l’existence d’un trafic.

Si en Chine les diplômes français sont très prisés, l’Université ne s’était jamais demandé pourquoi le nombre d’étudiants chinois était chaque année en constante augmentation. Elle en compte actuellement 650 parmi l'ensemble de ses étudiants.

Mikaël Ponge
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