"Un sapeur-pompier est agressé toutes les quatre heures en France" : 300 pompiers en grève ont manifesté à Lyon
L'adjudant-chef Rémy Chabbouh, secrétaire du syndicat Sud, a expliqué, lundi sur franceinfo, que les agressions de pompiers avaient des répercussions sur les personnes qui ont besoin de recevoir des soins en urgence.
Lorsque les pompiers sont pris sous des jets de cocktails Molotov, "on parle de tentatives de meurtres" et pas d'incivilités, a lancé l'adjudant-chef Rémy Chabbouh, lundi 8 février. Le secrétaire du syndicat Sud a été invité à réagir sur franceinfo alors que 300 pompiers en grève ont manifesté lundi à Lyon devant le tribunal de grande instance pour dénoncer la dégradation de leurs conditions de travail. Les agressions de pompiers ont augmenté de 17% en un an, d'après les derniers chiffres de l'Observatoire national de la délinquance.
franceinfo : Quel message les pompiers souhaitent adresser par cette action ?
Rémy Chabbouh : Nous avons constaté sur le dernier semestre 2017 une montée en force des agressions à l'encontre des sapeurs-pompiers, de tout statuts confondus, qu'ils soient pompiers professionnels, pompiers volontaires ou militaires. Nous avons souhaité dénoncer dès le mois de novembre cette montée en puissance d'agression. On a eu des violences verbales et des agressions de type jets de pierres, de pavés et de cocktails Molotov sur la soirée d'Halloween. Un sapeur-pompier est agressé toutes les quatre heures en France.
Est-ce que vous distinguez les personnes agressives lors d'interventions, des agressions organisées ?
Oui. Dernièrement, ce sont des guet-apens dans lesquels les sapeurs-pompiers ont été pris sur l'agglomération de Nîmes et l'agglomération lyonnaise. Les engins incendie, qui interviennent pour des interventions banales, se retrouvent pris sous le feu de jets de pierres et de pavés. Il y a réellement une volonté de nuire. On ne peut pas parler d'incivilités. On parle de tentatives de meurtres.
Qu'est-ce qui provoquent ces violences ?
On n'a pas d'explication. Il faut savoir que les agresseurs qui s'en prennent aux sapeurs-pompiers sont souvent des mineurs. Cela pose un souci concernant la réponse pénale qui peut être apportée. Le fait qu'on est à faire à des mineurs et que, dans notre pays, on cherche à éduquer plutôt qu'à faire une répression, cela pose un véritable souci. Il va falloir reconsidérer tout cela. La réponse pénale n'est plus adaptée.
Vous n'êtes plus protégés par votre statut ?
Les sapeurs-pompiers ne sont pas protégés du tout alors qu'on vient porter secours. On manifeste notre mécontentement pour notre sécurité et pour la population. Tous les secours qui sont pris à partie sont retardés. En fin de course, il y a quelqu'un qui est en détresse. C'est une réalité. Chaque minute compte lorsqu'on est en arrêt cardio-ventilatoire ou victime d'une hémorragie grave. Il faut que les gens comprennent que, lorsqu'on retarde les secours dans un quartier, c'est peut-être son petit frère, son papa ou sa maman qui était destinataire de ces secours. On n'est pas là pour faire de la répression. On est là pour porter secours.
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