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Un mois après Xynthia, France Info de retour en Vendée

28 février dernier, tempête, baisse de la pression atmosphérique, gros coefficient de marée, la mer qui déborde. Résultat : 53 morts dont 29 en Vendée, des centaines de maisons inondées jusqu'au plafond, des champs brûlés par l'eau de mer, une économie sinistrée. _ Un mois plus tard, retour sur ces terres et dans ces murs qui n'ont pas encore séché. État des lieux en son et images...
Article rédigé par franceinfo
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  (Radio France © France Info)

À gauche du pont qui enjambe l'estuaire du Lay, l'Aiguillon sur Mer. À droite, La Faute-sur-Mer. Deux communes aux premières loges ce 28 février 2010 à 3 heures du matin. Des lotissements ou quartiers entiers construits sous le niveau de la mer sont submergés. Il suffit d'observer les photos satellites du Cnes pour apprécier l'étendue des dégâts sur les deux rives. Les 29 victimes vendéennes dormaient toutes à La Faute cette nuit-là. À l'Aiguillon, on ne déplore aucun mort, mais beaucoup de dégâts matériels : vendredi, on y recensait plus de 1.600 déclarations de sinistre.

Depuis cette nuit de cauchemar, la grande majorité des maisons touchées sont toujours inoccupées, certaines interdites d'accès par sécurité. Toutes sont vides. Devant chacune, un tas de meubles détrempés, d'objets, de linge, de machines à laver... comme si la vie de leurs habitants avaient été ramassée dans ces monticules.

Un mois après, alors que la mission de la Protection civile vient de s'achever, alors que le PC de crise vient de fermer, il reste encore des tonnes de détritus, mêlés de vase, à déblayer. Les rues voient toujours défiler des dizaines de semi-remorques, de camions-benne et de camionnettes d'artisans en tout genre : plombiers, entreprises de nettoyage ou spécialistes "après-sinistre" en combinaison jaune canari.

Au comptoir, on ne parle que de ça...

... des assurances, des responsabilités - la faute aux maires, "à pas de chance", "aux écolos", aux digues, à l'État, aux agences immobilières. On parle surtout de l'avenir : partir ou rester. Vendre... des maisons devenues invendables ? D'ailleurs, ces maisons ne vont-elles pas être démolies ? La réponse est censée venir dans la semaine.

_ En attendant, on tente de colmater en urgence les digues sérieusement abîmées par les vagues. Pour éviter que la catastrophe ne se reproduise.

En attendant la saison

C'est toute une économie qui est à la peine. Les agriculteurs inondés ne comptent plus rien voir pousser avant des mois sur leurs terres transformées en vasières.
45.000 hectares ont été ainsi été noyés entre la Charente-Maritime et la Vendée. Il faut maintenant nettoyer : la mer a tout charrié.

Les mareyeurs eux sont au chômage technique, depuis un arrêté interdisant la consommation des huîtres du secteur. Et les professionnels du tourisme voient la saison arriver avec anxiété. En Vendée, on compte 45.000 emplacements de camping - c'est le plus gros département de France en la matière. Les réservations ont déjà chuté de moitié.

Pourtant, communication de crise oblige, le comité départemental du tourisme assure qu'1% seulement des capacités d'accueil du département ont souffert.

La Faute-sur-Mer, première touchée. Ici, c'est 1.035 habitants en hiver, plus de 40.000 l'été. Les estivants oseront-ils encore venir ? Et où les loger ? Une majorité de maisons inondées étaient des résidences secondaires.
Le sort du camping municipal est scellé. Il ne rouvrira plus. Ses 600 places vont être rayées de la carte.

Reste la peur, l'angoisse de la submersion. Beaucoup de sinistrés racontent voir revenir les vagues, à la seule rencontre d'une grosse flaque, ou à l'écoute de l'eau sous pression qui coule d'un robinet de cuisine. Besoin de parler, besoin d'être compris...
_ La cantine mise en place tous les midis par la Croix-Rouge a fermé vendredi. C'était le lieu de retrouvailles quotidien des sinistrés les plus isolés.

Dossier réalisé par Cécile Quéguiner
avec Mathilde Lemaire et Jules Lavie

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