Un député réclame une commission d'enquête sur la burqa
Cette journée aurait dû être une journée ordinaire, plutôt festive, pour un maire. Ce jour là, André Gérin, député PCF de Vénissieux, dans la banlieue de Lyon et alors maire de la commune, était de mariages. Mais lorsqu'il voit arriver un couple dont la femme porte le niqab, une tenue noire qui ne laisse apparents que les yeux, il rencontre un problème. Le futur mari refuse que sa promise ôte le masque qui lui recouvre le visage, afin de vérifier si la jeune femme qu'il a devant lui correspond à celle qui se trouve sur les papiers d'identité. Résultat, André Gérin refuse de marier le couple.
Cas isolé ou tendance de fond ? C'est pour tenter de prendre la mesure du phénomène que le député demande à l'Assemblée nationale de créer une commission d'enquête parlementaire. 57 députés (3 communistes et partis de gauche, 7 socialistes, 43 UMP, 2 Nouveau centre et 3 non-inscrits) ont signé sa proposition de résolution.
Si elle est mise en place, la commission d'enquête viserait à faire l'état des lieux, apporter des explications à un éventuel développement du phénomène, et faire des propositions “afin de lutter contre ces méthodes qui constituent une atteinte aux libertés individuelles sur le territoire national”, écrivent les députés dans la proposition de résolution.
Car les signataires ne cachent pas leur hostilité au port de ce type de vêtement. Dans un long préambule, ils refont l'historique de la laïcité à la française, depuis 1789 à la loi de 2004, interdisant le port de signes religieux ostentatoires dans un établissement scolaire.
Les députés se placent dans le droit fil de la commission Stasi, qui a abouti à cette loi, estimant que “si le foulard islamique constituait un signe distinctif d’appartenance à une religion, nous sommes là au stade extrême de cette pratique”.
Pour eux, le port de ces vêtements constitue à la fois un danger pour la laïcité républicaine, et par conséquent pour “l'unité” de la société française; et qu'il porte “ atteinte à la dignité de la femme et à l’affirmation de la féminité”.
L'association de défense des droits des femmes “Ni putes ni soumises” s'est déclarée favorable à l'ouverture d'un débat sur la question : “la loi de 2004 sur la laïcité (interdisant les signes ostensibles d'appartenance religieuse dans les établissements scolaires, ndlr) était nécessaire mais pas suffisante; il faut rouvrir le débat et ce sera à chacun de se positionner sur la laïcité, sur la mixité”, estime sa présidente, Sihem Habchi.
La commission, si elle voit le jour, serait composée de 30 membres et rendrait son rapport le 30 novembre au plus tard.
Grégoire Lecalot, avec agences
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